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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Activités

Charenton-le-Pont, 26 avril 2007
Commémoration du 92e anniversaire du génocide de 1915


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La Municipalité de Charenton-le-Pont et l'Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée vous ont invités à assister à la cérémonie de Dépôt de gerbe devant le Khatchkar de Charenton-le-Pont (94220), rue Paul-Eluard-angle rue des Bordeaux, le Jeudi 26 avril 2007 à 18 heures.

Allocution d'Annie Pilibossian, présidente de l'ACAM
Compte rendu de la cérémonie, par Daniel Ter Sakarian, vice-président de l'ACAM


Charenton 2007 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
L'assistance autour du Père Nerseh Paboudjian, M. Michel Herbillon, Député-Maire de Maisons-Alfort, M. Jean-Marie Brétillon, Maire de Charenton-le-Pont, et tout à droite, M. Roger Tcherpachian

Charenton 2007 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
Allocution de J.-M. BRÉTILLON
Maire de Charenton

Charenton 2007 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
Allocution de Mme Annie Pilibossian
Présidente de l'ACAM

Charenton 2007 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
Allocution de M. Michel Herbillon,
Député-Maire de Maisons-Alfort

Charenton 2007 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
Mme Annie Pilibossian avec les anciens combattants arméniens ;
à droite, drapeaux des combattants arméniens

Charenton 2007 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
De gauce à droite, M. Jean-Marie Brétillon, Mme Annie Pilibossian,
M. Michel Herbillon et le R.P. Nerseh Paboudjian, devant le Khatchkar


Allocution de Mme Annie Pilibossian, présidente de l’ACAM

Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mon Père,
Mesdames et Messieurs, Chers amis,

Nous voici réunis pour la troisième fois consécutive pour commémorer le 92e anniversaire du génocide des Arméniens.
Au nom des membres de l’ACAM, au nom des amis ici présents, permettez-moi d’abord de me tourner vers les élus de la Ville de Charenton pour les remercier d’être à nouveau à nos côtés en ce jour de deuil pour les Arméniens du monde entier. Ensuite, je voudrais réaffirmer que pour nous, les générations issues des rescapés, la France est et reste notre terre d’accueil, qui a reconnu par une loi le premier génocide du XXe siècle, et adopté en première lecture de l’Assemblée nationale un projet de loi visant la pénalisation du négationnisme du génocide des Arméniens. Nous attendons des Sénateurs le même geste fort, afin que ce projet de loi soit définitivement adopté dès l’automne prochain.
Cette année nous vivons une période particulière, puisque les relations franco-arméniennes se voient couronner par un événement exceptionnel : l’Année de l’Arménie en France, appelée « Arménie, mon amie ». En effet, en septembre 2006, le président Chirac effectuant la première visite d’un chef de l’État français dans la république d’Arménie a inauguré avec le président Kotcharian l’Année de l’Arménie. Ainsi, dans 160 villes de l’hexagone et en particulier dans la région parisienne, y compris à Charenton, le public français est invité à découvrir toute la richesse et la spécificité de la culture et du patrimoine arméniens à travers 850 manifestations exceptionnelles, parmi lesquelles je me permettrai d’en citer une. Si vous ne pouvez vous déplacer que pour voir un seul événement, je vous recommande l’exposition Armenia sacra, qui se tient en ce moment au Musée du Louvre. Ceux qui l’ont déjà vue se souviennent qu’une partie de l’exposition déployée dans les fossés du musée offre une disposition spectaculaire de khatchkars, ces monuments funéraires dressés à la verticale propres à l’art arménien. Diversité et finesse des motifs taillés dans la pierre caractérisent le travail minutieux des sculpteurs

Ceci est vrai aussi pour le Khatchkar qui se trouve ici devant nous et autour duquel nous sommes réunis, car voyez-vous, il contient au sein de son motif central, à l’intersection des deux bras de la croix un élément stylisé qui lui est propre, symbolique. Je voudrais attirer votre attention sur ce motif.
Allez-y, regardez bien… Avez-vous déjà observé une colombe ? Enfermer un homme dans la crainte perpétuelle qui est celle d’une colombe, pouvez-vous en connaître la véritable douleur, pouvez-vous savoir, vous, messieurs les ministres ? D’un côté l’attention, de l’autre la peur. Exactement comme une colombe…À peu près autant qu’elle, je suis l’œil aux aguets, sur ma droite, sur ma gauche, devant ou derrière moi. Ma tête est tout aussi agitée que la sienne… Et tout aussi prompte à se retourner en un clin d’œil.
Mesdames et Messieurs, ces phrases sont tirées du dernier texte daté du 17 janvier 2007 que le journaliste turc d’origine arménienne Hrant Dink a écrit, deux jours seulement avant d’être sauvagement assassiné par un nationaliste turc d’âge mineur à Istanbul, devant les locaux de son journal Agos (« sillon » en arménien), dont il était à la fois le Directeur et le Rédacteur en chef. Ardent militant et défenseur de la démocratie et des droits des minorités en Turquie, ses éditoriaux, certes pacifistes, mais empreints de force semaient la panique dans une société négationniste et archaïque. Désigné comme cible à abattre par l’Article 301 du code pénal turc, héritier des Arméniens rescapés du génocide, c’est-à-dire ennemi de la Turquie et par conséquent traître à la nation turque, Hrant Dink est devenu symboliquement la 1 500 000 et unième victime du génocide.

Ce soir nous rendons hommage à cet homme, plein d’énergie et d’enthousiasme qui n’avait pas peur d’évoquer l’identité arménienne dans un journal écrit en langue turque ce qui était une première dans la presse nationale, tout comme son avocate Fétiye Çetin qui avoue dans Le livre de ma grand-mère les origines arméniennes de son aïeule. Dink défendait aussi la minorité kurde, parlait des préoccupations de la communauté arménienne de Turquie notamment concernant la réalité du génocide, sujet tabou au sein de la société turque jusqu’en 1996, lorsqu’il crée son hebdomadaire. Dernièrement, l’éditorialiste notait ses inquiétudes à propos de l’avancement des travaux de rénovation de l’église Sainte Croix (Xe s.) sur l’île d’Aghtamar dans le lac de Van, en Anatolie orientale. Connaisseur de l’histoire des Arméniens, Dink prévoyait que ce joyau de l’art architectural médiéval arménien, serait approprié par la Turquie pour la soi-disant durée des travaux, afin de prouver aux Européens exaspérés par l’absence de progrès dans le domaine des libertés religieuses et élections présidentielles imminentes obligent, que le gouvernement se soucie de la préservation de la diversité culturelle de ses minorités. En réalité, les écrits du journaliste laissaient supposer que ce monument va être sacrifié aux profits des intérêts nationalistes, poussés à l’extrême. Et il ne s’est pas trompé car, en effet, après plusieurs tergiversations provocatrices contre la mémoire arménienne, relative à la date de réouverture de l’église, elle a finalement été inaugurée officiellement, en grande pompe en tant que … musée, comme Sainte-Sophie à Istanbul. Des drapeaux turcs et une immense photo d’Atatürk couvrent toujours les murs, richement sculptés par l’architecte Manuel de ce lieu saint pour tous les Arméniens. Comble de l’arrogance, la croix surmontant le clocher de l’église a mystérieusement disparu …

Pendant dix ans, Hrant Dink s’est fait connaître non seulement dans le monde entier, puisqu’il voyageait (en France aussi, où il s’est rendu en octobre 2005), mais surtout auprès de ses collègues européens par ses écrits osés et sincères. Ses paroles avaient-elles atteint les cœurs des simples citoyens qui voyaient avec lui naître l’espoir d’un avenir plus juste, le début d’une réconciliation avec le passé ?
Toujours est-il que le jour de ses obsèques une foule immense compose le cortège funéraire, se pressant devant les locaux du journal Agos et les pancartes Nous sommes tous des Dink, nous sommes tous des Arméniens impressionnent le monde entier, tant il est invraisemblable de voir Turcs, Kurdes et Arméniens marcher côte à côte.
Voici quelques passages du dernier éditorial que cet homme d’exception avait écrit et envoyé la veille de son assassinat au journal Radikal 2. On comprend qu’il se sentait menacé, il avait été condamné à 6 mois de prison avec sursis. Vous pouvez trouver les articles de Dink dans le livre qui vient de sortir chez Fradet, Être Arménien en Turquie.

« Ce ne sont pas choses faciles que celles que je suis en train de vivre… Que je vis avec ma famille. Il m’est arrivé de penser vraiment à quitter le pays. Surtout lorsque les menaces visaient aussi mes proches… Chaque fois, dans de telles situations, je suis resté démuni.
J’aurai pu me faire l’ardent défenseur de ma propre cause, mais je n’avais pas le droit de risquer la vie de mes proches.
J’aurais pu être mon propre héros, mais je n’aurais pas pu jouer au héros en mettant en danger la vie de qui que ce soit.
Et, dans de tels moments de détresse, je rassemblais mes enfants, ma famille. C’est auprès d’eux que je trouvais refuge. Ils me faisaient confiance, comptaient sur moi. Où que j’aille, ils m’auraient suivi. Que je reste ou que je parte, ils auraient été à mes côtés.
Si un jour nous étions dans l’obligation de partir… alors, comme en 1915, nous nous mettrions en route … Comme nos ancêtres… Sans trop savoir où aller… À pied, par les routes, où nous mèneraient nos pas… Dans la douleur et le chagrin… Nous quitterions notre pays. Sans que ce soit nos cœurs, mais bien nos pieds qui nous conduisent… Où que ce soit… »

Le 19 janvier 2007, Hrant Dink s’est envolé vers l’espoir, non sans avoir laissé son arme en héritage. Avec sa plume, il a creusé un profond sillon qui montre la route à suivre. À nous maintenant de semer, pour faire germer bientôt l’espoir et récolter ensuite la liberté de voir un jour Arméniens et Turcs réconciliés. Qu’enfin toutes les victimes du génocide des Arméniens puissent reposer en paix dans une seule et même sépulture, celle de la conscience universelle !
Et de terminer.
« Je tiendrai cette réalité comme ma seule garantie : oui, je peux me voir dans l’inquiétude et l’angoisse d’une colombe.
Les colombes peuvent vivre en plein cœur des villes, au plus chaud des foules humaines. Non sans crainte évidemment, mais avec quelle liberté ! »

Annie Pilibossian, Présidente de l’ACAM


Compte rendu de la cérémonie, par Daniel Ter Sakarian, vice-président de l'ACAM

Le 26 avril a eu lieu une émouvante cérémonie commémorative du génocide des Arméniens, organisée pour la troisième année consécutive par la Municipalité de Charenton-le-Pont et l’Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (ACAM), devant le grand khatchkar (square Paul-Éluard), stèle sculpté par Rouben Yessayan et offert à la ville par Roger Tcherbachian.

Cette commémoration, devenue maintenant traditionnelle, s’est déroulée entre 18 et 19 heurs, avec la présence inattendue du Député-Maire de Maisons-Alfort, M. Michel Herbillon et de celle du Maire de Charenton-le-Pont, M. Jean-Marie Brétillon. Y ont apporté leur concours le Père Nerseh Paboudjian de l’Église apostolique arménienne d’Alfortville, les anciens combattant arméniens, avec leurs drapeaux, et la chorale des élèves de l’école arménienne Saint Mesrob d’Alfortville, ainsi que les membres du Conseil municipal de la ville et du Conseil d’Administration de l’ACAM.

Mme Annie Pilibossian, Présidente de l’ACAM, a ouvert la cérémonie en présentant le déroulement et les principaux intervenants.
En premier lieu, elle a donné la parole à M. Brétillon, Maire de Charenton, qui a rappelé la signification de l’acte et son intégration bienvenue en cette Année de l’Arménie en France. Il a exprimé une pensée reconnaissante envers les immigrés arméniens qui ont apporté à la France par leur travail et leur savoir-faire.
En deuxième lieu, Mme Pilibossian, au nom du CA de l’ACAM et des Arméniens de la région, a prononcé un long et émouvant message.
En troisième lieu, c’est M. Herbillon, Député-Maire de Maisons-Alfort, a pris la parole. Il a dit combien il se sent ému et concerné par les génocide des Arméniens, en précisant qu’il a personnellement voté au Parlement la loi de reconnaissance de janvier 2001 ainsi que la proposition de loi visant à sanctionner pénalement sa négation, en exprimant l’espoir qu’elle soit bientôt avalisée par le Sénat.

Après ces allocutions, très applaudies, la chorale des élèves de l’école franco-arménienne Saint Mesrob interpréta trois chants traditionnels arméniens, sous la direction de M. Yorgandjian. L’assistance, composée d’Arméniens, des habitants des communes environnantes et des parents d’élèves, a encouragé les jeunes chanteurs avec ses applaudissements.

Mme la Présidente a invité le Père Nerseh, représentant Mgr Kude Naccachian, qui a prononcé avec deux diacres les prières rituelles.
Finalement, Mme Pilibossian remercia chaleureusement tous les officiels, pour leur déplacement et discours, ainsi que toute l’assistance. Cette année, quatre gerbes furent déposées au pied de la stèle-Khatchkar, celles de l’ACAM, des anciens combattants, du Maire de Charenton et du Député-Maire de Maisons-Alfort.

M. Herbillon invitait les officiels pour une photo souvenir. D’ailleurs, on pouvait remarquer la présence de plusieurs photographes professionnels, ainsi qu’un journaliste du Parisien.

Daniel Ter Sakarian, vice-président de l'ACAM


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