Rapport moral du conseil d'administration pour l'exercice 2009
Après l’effervescence des années précédentes, liée aux manifestations dans le cadre de l’année de l’Arménie en France et le 20e anniversaire de la création de notre association, 2009 fut une année relativement calme pour nous. Cependant, vigilance oblige, la saison de la Turquie en France a retenu notre attention. Il faut dire, que la communauté arménienne a mal vécu cette période, ressentie comme une démarche maladroite de revanche. Les organisateurs des activités culturelles turques, soutenus par les autorités françaises, rappelaient à qui voulait l’entendre, la splendeur de l’empire ottoman, sans évoquer du tout ou très peu le rôle des Arméniens dans la vie politique, économique et culturelle de l’empire durant 400 ans de cohabitation. En tout cas, à notre connaissance, aucune activité n’a évoqué le premier génocide du XXe s. Inadmissible, dans l’année de commémoration du 100e anniversaire des massacres d’Adana, qui ont fait, rappelons-le, 30 000 morts considérés par les historiens comme les prémices du génocide. Pour réagir à cette injustice, l’ACAM a bousculé ses activités programmées, elle est partie d’urgence et en plein été en Bretagne et nous allons voir plus loin, que ça a fait du bruit.
Mais, arrêtons-nous auparavant sur l’effectif de notre association.
Le nombre de nos adhérents reste stable, entre 100 et 130. Comme d’habitude, la famille Sabondjian du Raincy tient le record des membres : 7. N’oublions pas de remercier chaleureusement nos généreux donateurs : Manoug Pamokdjian, Armand Tchouhadjian, Giraïr Hovsépian, Abraham Tassoumian, Serge Kazandjian, Mihran Kurkdjian, André Yédikardachian, Raffi Aslanian, Richard Balastre et d’autres. Ajoutons à ces noms la modeste, mais régulière subvention de la ville de Noisy-le-Grand. Sans leurs aides précieuses, notre association aurait du mal à survivre. Depuis quelques années, nous accueillons, en tant que membre moral, des sociétés et des entreprises. Elles ont la possibilité de mettre des annonces dans notre Bulletin pour se faire connaître. Bien entendu, le montant de la cotisation diffère par rapport aux membres physiques.
Parmi nos activités permanentes, le Bulletin de l’ACAM sert comme vous le savez à renforcer les liens entre les adhérents. En 2009, ce frère aîné de notre site Internet a eu 20 ans. Ce fut l’occasion de nous rappeler l’histoire de sa parution. Quelques mois après avoir déclaré la création de l’ACAM à la sous-préfecture du Raincy, les premiers responsables avaient pensé faire appel aux Arméniens de la région Marne-la-Vallée pour solliciter des adhésions. C’est Jean-Pierre Hatchikian, - à l’époque secrétaire de l’association, qui a eu l’idée d’un bulletin. Il fut le premier rédacteur en chef, et Daniel Ter Sakarian le premier rédacteur-adjoint. Personne ne savait combien de temps perdurerait ce périodique. Aujourd’hui, nous connaissons la réponse, - plus de vingt ans. Jusqu’en 2007, il était reproduit en noir et blanc. Depuis le N°66, le Bulletin de l’ACAM est imprimé en couleur à Gobelins, l’école de l’image de Noisy-le-Grand. Pour cela, nous tenons à remercier la Direction et les apprentis de l’école. Le comité de rédaction travaille tout à fait bénévolement, afin de couvrir toutes nos activités, enrichies de photos et de comptes-rendus. Nos correspondants et collaborateurs sont : Albert Andonian de Moscou, Magdeleine Yéménidjian de France, Garo Mardirossian de Sofia. Pendant des années, la mise en page fut assurée par Joaquim Dominguès, souvent épaulé par Chouchane, à l’époque apprentie. Maintenant, comme graphiste diplômée, elle apporte son regard et sa touche personnels à la réalisation des Bulletins, dont le tirage et l’envoi par voie postale restent à la charge de l’association. Trois numéros ont été publiés en 2009, il s’agit des N°71 de 8 pages, N°72 de 8 pages et le N°73 de 12 pages, avec dans chaque numéro des pages en arménien. Dans le N°73, nous avons annoncé que la Bibliothèque nationale de France (BnF) venait d’attribuer un numéro ISSN : 2101-9118 à notre Bulletin, un beau cadeau pour le 20e anniversaire de son lancement. Que signifie ce numéro ? International Standard Serial Number est le numéro international qui permet d’identifier de manière unique une publication périodique, comme un journal ou une revue ... En France, l’ISSN est attribué par le Centre national d’enregistrement des publications en série, c’est en quelque sorte la marque officielle d’une publication. Dès lors, l’éditeur a l’obligation d’envoyer régulièrement à la BnF tous les numéros. Nous avons donc effectué un premier envoi par la poste d’un paquet de près de cinq kilos avec tous les anciens numéros. Désormais notre publication est référencée dans le catalogue en ligne de la BnF.
Le frère cadet du Bulletin, le site Internet : www.acam-france.org, créé en 1997 s’enrichit constamment. En treize ans, il est devenu mondialement connu, principalement grâce à la Bibliographie qui répertorie les ouvrages, écrits en français sur les Arméniens. Ainsi, à ce jour 795 auteurs et 1548 livres y sont inscrits. D’après les dernières informations, que notre webmaster Jean-Pierre Hatchikian nous a fournies, notre site est classé 6e au classement de sites arméniens, dans la catégorie Diaspora pour le mois de septembre, par circle.am. De nouvelles fonctionnalités viennent alimenter régulièrement le contenu des pages Web, par exemple la recherche interactive des points d’intérêt arméniens (églises, écoles, monuments, rues etc.…). Un grand bravo à Jean-Pierre, il a non seulement créé le site, mais il a rendu le nom de l’ACAM mondialement connu. Il continue à travailler avec minutie et précision pour faire connaître dans les quatre coins du monde francophone l’actualité culturelle qui concerne les Arméniens de France. La maîtrise de ce moyen de communication moderne est tout à fait essentielle pour la survie de notre association.
Activités ponctuelles
Aussitôt après les fêtes, le 16 janvier, nous nous sommes réunis à Paris, au Yan’s club pour une chaleureuse soirée d’hommage au peintre-graveur Edgar Chahine. La réception fut préparée de concert avec nos amis de l’UMAF (Union Médicale Arménienne de France). Le propre fils de l’artiste, Pierre Chahine, et son épouse étaient venus tout spécialement de Normandie avec de magnifiques lots pour la tombola, des eaux-fortes signées d’Edgar Chahine et de son ami de toujours, Tigrane Polat. Au cours de la conférence projection, Benoît Noël, auteur du livre Edgar Chahine peintre-graveur 1874-1947, publié aux Éditions BVR, expliqua les raisons l’ayant conduit à mener à bien ce travail. Il insista sur la liberté de l’artiste, capable de s’offrir des caprices personnels et très subjectifs, afin de méduser ses premiers admirateurs. Avec son second ami, Archag Tchobanian, initiateur du mouvement arménophile en France, Edgar Chahine a entretenu une riche correspondance en langue arménienne, dont le livre cité donne de larges extraits. Le public a pu se procurer l’ouvrage de qualité, dédicacé par l’auteur. Comme à l’accoutumée, le repas concocté par Gérard fut un régal. Les gagnants de la tombola, organisée au profit des œuvres des deux associations furent les médecins dentistes Chabouh Kibarian et Kegham Der Sarkissian, tous deux membres de longue date de l’ACAM. (Lire l’article sur la soirée p. 5 dans le Bulletin N°71)
L’habituelle cérémonie de commémoration du génocide des Arméniens de 1915 s’est déroulée le 23 avril à Charenton-le-Pont, où se trouve le mémorial, dédié aux victimes. Comme tous les ans, elle était organisée en partenariat avec la municipalité de la commune, avec les anciens combattants arméniens, en présence du donateur du monument et la participation de l’Église apostolique arménienne d’Alfortville. Malgré les vacances scolaires, plus de cinquante personnes étaient venus se recueillir devant le katchkhar. M. Jean-Marie Brétillon, Maire de Charenton a prononcé un court discours de circonstance. Dans son allocution, notre présidente Annie Pilibossian a rappelé les faits historiques, le rôle que la diaspora arménienne doit jouer dans le rapprochement des peuples arménien et turc en vue de la nécessaire reconnaissance du génocide, sans oublier la situation en Arménie et au Djavaghk. Elle a ensuite passé la parole à l’écrivain Gilbert Sinoué, qui était l’invité exceptionnel de la cérémonie. Son roman Erevan venait d’être publié et il a eu l’amabilité de lire un extrait devant le public. Le recueillement et les hymnes nationaux arménien et français ont succédé aux dépôts de gerbe et à la minute de silence, dans une dignité et une sobriété protocolaires voulues par nos amis les anciens combattants. Pour clore la cérémonie, nous avons écouté un enregistrement de deux œuvres du compositeur le R.P. Komitas, interprétées par le célèbre Djivan Gasparyan au duduk. (Lire l’article sur le déroulement de la cérémonie p.3 dans le Bulletin de l’ACAM N°73).
Depuis 2005 notre association est collaboratrice et correspondante de la publication annuelle Année Francophone Internationale, un ouvrage publié par le Centre International de Documentation et d’Échange de la Francophonie (CIDEF) au Québec et l’Agora Francophone Internationale (AFI) à Paris. L’article sur l’Arménie que nous rédigeons chaque année reflète l’évolution du pays sur les plans politique, économique, culturel et social. L’édition 2009/2010 fut plus exhaustive que les précédentes, elle a marqué un moment clé de la vie de la revue. Trois nouveautés sont venues enrichir cette dix-huitième édition : la nouvelle forme de datation par rapport au calendrier universitaire, à cheval sur les années civiles, l’ajout des informations sur l’actualité scientifique, là où cela était pertinent. La troisième nouveauté concernait les pays du Caucase et en particulier l’Arménie, qui depuis octobre 2008 est devenue membre associé de la francophonie. Un grand merci à l’équipe rédactionnelle, qui a accordé trois pages à l’Arménie (contre une seule page avant), avec pour la première fois une carte géographique et les photos de trois katchkars. Quant aux informations relatives à la francophonie, elles sont actualisées et détaillées sur l’espace francophone. Rappelons, que la revue est un outil d’information sur la francophonie vivante, unique en son genre. Elle s’adresse aux professionnels, qui œuvrent dans les relations internationales, aux enseignants, aux chercheurs, aux étudiants, aux décideurs politiques et aussi au grand public qui cherche à s’informer sur les évolutions du monde contemporain.
Notre voyage s’arrête à Bécherel, petit village breton de 745 habitants et 25 librairies. Tous les ans pendant les mois d’été, des chineurs de bouquins de toute la France convergent vers ce village, qui devient alors une immense librairie. Le week-end du 8 août, appelé Nuit du livre avait comme titre : La Turquie, trois jours et une nuit, au pays des mille et un livres. Sous-entendu, le pays des merveilles, où tout est beau, tout est magnifique et, évidemment silence radio sur le génocide arménien. Mais c’était sans compter sur l’intelligence du libraire Jean-Louis Yaïch, qui nous a contactés pour nous demander de l’aide. Quelques jours après, sa boutique Livres & Autographes est devenue le lieu de trois initiatives organisées par l’ACAM dans l’urgence. Présentation des livres de Paul Kazandjian : Voyage en Arménie, Horizons arméniens, Le voyage en Cilicie, ainsi que l’exposition de ses photos. Présentation par Hratch Bédrossian, traducteur et directeur de la maison d’édition Cercle d’Écrits Caucasiens de deux ouvrages récemment réédités par lui : Les mémoires de Mgr Jean Naslian, évêque de Trébizonde (1911-1928), et Les Jeunes-Turcs et la vérité sur l’Holocauste d’Adana en Asie Mineure en avril 1909, par F.-Z. Duckett Ferimann. Pour couronner le tout, le même soir une conférence intitulée La face cachée de la Turquie, essai d’une chronologie de 1800 à 1923 a eu pour objectif d’expliquer aux présents que si le grand public connaît la Turquie actuelle, il connaît moins sa face cachée, c.-à-d. l’immense empire ottoman, qui au début du XXe s. s’étendait encore du Maroc à la Serbie et jusqu’au désert syrien. Le conférencier Jean-Claude Delacroix a répondu à toutes les questions posées, relatives au génocide arménien dans une approche historique centrée sur la chronologie des événements marquants du XIXe s. jusqu’à la Grande Guerre. (Lire l’article p.4 du Bulletin N°73) Cette activité – non-programmée - a pu se dérouler en marge de la saison de la Turquie en France. Malgré les grandes vacances, elle a mobilisé beaucoup de monde, y compris des gens qui ne sont pas nécessairement membres de notre association, des gens qui ont compris l’importance sur l’opinion publique de l’explication de la réalité historique concernant cette période de l’histoire du peuple arménien.
La Radio arménienne AYP FM de la région parisienne a voulu se faire l’écho de notre intervention à Bécherel. Le 13 août à 8h30 pendant les informations matinales, la journaliste Hasmig Papazian a eu un entretien en direct avec Philippe Pilibossian.
Pour terminer l’année en cours en beauté, nous avons décidé de transformer nos assemblées générales annuelles en soirées festives, autour d’un « dîner » convivial, où toutes les idées, toutes les initiatives, toutes les propositions, dans l’objectif de pérenniser les activités de l’ACAM seraient les bienvenues, afin d’entamer la nouvelle année dans la sérénité et la bonne humeur.
Noisy-le-Grand, le 25 octobre 2010, Annie Pilibossian, présidente de l’ACAM