Sommaire Activités    Sommaire Association     Accueil
Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Activités

Charenton-le-Pont, 25 avril 2013
98e anniversaire du génocide arménien de 1915


ligne

La Municipalité de Charenton-le-Pont et l'Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée vous ont invité à assister à la cérémonie de Dépôt de gerbe devant le Khatchkar de Charenton-le-Pont (94220), rue Paul-Eluard-angle rue des Bordeaux, le jeudi 25 avril 2013 à 17 h 30.
La cérémonie a eu lieu en présence de :
  • Mme Chantal Lehout-Posmantier, Maire-adjoint de Charenton-le-Pont, chargé des affaires civiles et M. Michel Herbillon, Député-Maire de la ville de Maison-Alfort
  • Père Dirayr Keledjian
  • Membres du conseil municipal de Charenton-le-Pont
  • Représentants des Municipalités limitrophes
  • Membres du Conseil d'administration de l'ACAM
  • Donateur du monument
  • Anciens combattants arméniens
  • Autres personnalités civiles et religieuses
  • Invité spécial : Arsène TCHAKARIAN, Officier de la Légion d'honneur, Président d'honneur des anciens combattants et résistants arméniens de France
  • Voir l'affiche

    Compte rendu de la cérémonie

    Allocution d'Annie Pilibossian, présidente de l'ACAM


  • Photos © Philippe Pilibossian

    Charenton 2013 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
    Mme Annie PIlibossian, présidente de l'Association culturelle arménienne de Marne-la-Vallée, ouvre la cérémonie
    Charenton 2013 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
    Allocution de M. Jean-Marie Brétillon, Maire de Chartenton-le-Pont

    Charenton 2013 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
    Allocution de M. Michel Herbillon, Député-Maire de Maison-Alfort

    Charenton 2013 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
    M. Arsène Tchakarian, compagnon de Missak Manouchian, Président d'honneur des anciens combattants et résistants arméniens de France

    Charenton 2013 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
    Pose de gerbe de l'ACAM
    Charenton 2013 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
    Pose de gerbe de Michel Herbillon

    Charenton 2013 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
    Pose de gerbe de M. Jean-Marie Brétillon

    Charenton 2013 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
    Aux morts
    Charenton 2013 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
    André, ancien combattant

    Charenton 2013 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
    Michel, ancien combattant

    Charenton 2013 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
    Le Père Dirayr Keledjian, prêtre paroissial de l'Eglise apostolique arménienne d'Alfortville, avec les diacres, les élus au second plan
    Charenton 2013 - Le Khatchkar --- Cliquer pour agrandir
    Mme Annie Pilibossian, M. Tchakarian et les élus de Charenton, de Maisons-Alfort et Saint-Maurice


    Compte rendu de la cérémonie


    Charenton-le-Pont, le 25 avril 2013

    Depuis 2005, l’ACAM et la municipalité de la ville de Charenton-le-Pont dans le Val-de-Marne organisent ensemble une cérémonie commémorative du génocide des Arméniens devant le monument, érigé dans le très joli square de la Cerisaie. Le katchkar est un don de M. Roger Tcherpachian à la ville où il a longtemps habité avec sa famille.
    Le beau temps ensoleillé et la ravissante décoration florale devant le monument accentuaient l’envie des invités à la cérémonie à partager le moment solennel du rappel du souvenir avec les nombreux enfants, qui jouaient dans le jardin en sortant de l’école voisine.
    Le Maire de Charenton – Jean-Marie Brétillon, accompagné de quelques adjoints du conseil municipal est arrivé quelques instants avant le Député-Maire de Maisons-Alfort, M. Michel Herbillon. Mme Nelly D’HAENE, adjointe au maire de la ville de Saint-Maurice représentait le Sénateur-Maire Christian Cambon, engagé ailleurs. Il est à noter l’excellente représentation de la Communauté des Communes Charenton-le-Pont, Maisons-Alfort et Saint-Maurice à chaque rituel arménien.

    Après les mots d’usage à l’ouverture de la cérémonie, la présidente de l’ACAM Mme Annie Pilibossian a donné la parole à M. Brétillon. Dans son discours, le Maire a rappelé les faits et les conséquences du génocide que le peuple arménien a subi et il a rendu hommage aux victimes. M. Herbillon a poursuivi en rappelant son vote à l’Assemblée nationale pour la reconnaissance du génocide arménien comme loi française. Annie Pilibossian a prononcé un court discours, dans lequel elle a évoqué la vie tragique des femmes et des jeunes filles arméniennes rescapées, qui ont été converties à l’islam de force, se sont mariées et ont eu des enfants… Trois générations plus tard, les petits-enfants de ces femmes racontent au public leur véritable histoire. Concernant l’amitié franco-arménienne, elle a impressionné le public avec la lecture d’une correspondance entre le poète arménien Krikor Tchilinguirian et le grand écrivain français Victor Hugo. Après les discours, on a procédé au dépôt de 5 gerbes : celles de l’ACAM, des Anciens Combattants Arméniens, des villes de Charenton, de Maisons-Alfort et de Saint-Maurice. Les hymnes nationaux français et arménien ont retenti dans le square et ce fut le tour des représentants religieux de l’église apostolique arménienne d’Alfortville qui ont prononcé l’homélie. La traditionnelle photo avec les participants a clos la cérémonie, qui s’est voulue brève mais sobre, comme toujours.


    Allocution de Mme Annie Pilibossian, présidente de l’ACAM

    Monsieur le Maire de Charenton,
    Monsieur le Député-Maire de Maisons-Alfort,
    Madame le Maire-adjoint de Saint-Maurice,
    Mesdames et Messieurs les élus,
    Mon Père,
    Mesdames et Messieurs, Chers Amis,

    Il y a quatre-vingt-dix-huit ans, avec la rafle du 24 avril 1915 à Constantinople, marquée par l’arrestation, la déportation et l’assassinat de quelque 650 intellectuels arméniens débutait à la faveur de la Grande guerre, la phase essentielle du génocide des Arméniens, l’extermination et la déportation de la quasi totalité des Arméniens de Turquie, qui devait causer la mort d’un million et demi d’entre eux et entraîner leur disparition de territoires qui avaient toujours constitué leur patrie. Cet acte décisif n’était pas isolé, il avait eu ses antécédents : les années précédant la guerre, plusieurs centaines de milliers d’Arméniens avaient été massacrés, islamisés de force ou poussés à l’exil. Il a eu aussi ses prolongements : les fondateurs de la République turque et cette République elle-même ont poursuivi le génocide en organisant de nouveaux massacres, pour empêcher le retour des survivants, afin de dénuer le peuple arménien de toute existence légale et de tout statut propre. Cette République a confisqué les biens nationaux et privés, en laissant périr, en dénaturant ou en détruisant délibérément des monuments, qui font partie de la richesse de l’humanité.
    L’idée de réunir un tribunal international pour juger les faits que les grandes puissances voyaient comme un crime contre l’humanité, proposée dans le traité de Sèvres (1920) n’a pu aboutir. En renonçant par le traité de Lausanne (1923) de s’engager dans une telle action, les puissances, principalement européennes, n’ont pu empêcher que des crimes identiques se reproduisent en Europe même, au cours de la Deuxième guerre mondiale. Quant à l’État turc, il a trouvé l’occasion de consolider l’acquis du crime dans la force de la propagande négationniste, érigée en dogme. Depuis cette époque et jusqu’à aujourd’hui, l’occultation permanente des obligations morales et matérielles qui découlent du génocide commis contre les Arméniens de Turquie, empêchent systématiquement que la question arménienne trouve une solution définitive. Secondée par son frère azéri, l’idéologie négationniste turque prend des dimensions internationales et pénètre jusqu’au parlement français. Le 26 février dernier, lors de la conférence tenue à l’Assemblée nationale à Paris, organisée à la mémoire du 25e anniversaire des massacres d’Arméniens dans la ville de Soumgaït (cette ville se trouve en Azerbaïdjan, à 25 km de Bakou où vit une importante communauté arménienne), en présence de nombreux députés et sénateurs français, un incident a perturbé le recueillement par le refus de deux jeunes azéris, présents dans la salle à respecter une minute de silence en hommage aux victimes des pogroms. Et on a atteint le comble du mépris avec la libération récente du meurtrier azéri de l’officier de l’armée arménienne Gurgen Margaryan, tué en Hongrie en 2004 dans son sommeil par 16 coups de hache. La célébration de l’assassin en héros national, promu major à son extradition à Bakou, malgré une condamnation à la prison à vie, a provoqué la colère des Arméniens du monde entier. De son côté, le président arménien Serge Sarkissian a annoncé la suspension des relations diplomatiques avec la Hongrie et mis en garde les autorités azerbaïdjanaises.
    Cependant, nous ne pouvons pas passer sous silence le nouveau phénomène qui est en train de briser les tabous au sein même de la société civile turque. Depuis neuf ans, des voix nouvelles s’élèvent en Turquie, de nouveaux articles paraissent dans la presse, de nouveaux livres sont publiés, de nouveaux films documentaires racontent le secret familial le mieux gardé : comment des jeunes femmes ou des jeunes filles arméniennes, ayant réchappé au génocide, séparées de leurs familles, converties de force à l’islam pour rester en vie, se sont mariées et ont eu des enfants…Trois générations plus tard, un petit-fils ou une petite-fille décrit et fait connaître au public la véritable histoire de leurs aïeules. Pour la première fois cette année, les petits enfants des survivantes de la ville de Dersim, à l’est de Turquie ont décidé de commémorer l’anniversaire du génocide et de s’affirmer librement.
    Mesdames et Messieurs, oui, le peuple arménien a survécu au génocide et à la longue marche dans le désert. Oui, il a décidé de garder vivante la mémoire des martyrs dans les pays d’accueil. C’est pourquoi, nous sommes rassemblés ici pour rendre hommage aux victimes de la plus grande tragédie de notre histoire, pour rappeler que l’intégration dans les pays d’accueil - aussi exemplaire soit-elle, s’est faite au prix d’effort et de travail. Nous ne sommes pas là pour nous lamenter, mais pour affirmer notre volonté d’exister. Nous pensons que la meilleure façon d’honorer la mémoire de nos martyrs est de continuer à vivre et à transmettre les valeurs séculaires que nous a léguées notre riche héritage spirituel et culturel. Nous avons une pensée émouvante à l’égard de nos frères et sœurs de la communauté arménienne de Syrie - descendants des rescapés comme nous - , qui vivent au quotidien la guerre civile, déplorant des dizaines de civils tués, blessés ou kidnappés, sans oublier les maisons, les écoles et les églises détruites.

    À l’heure où le gouvernement affirme vouloir relancer le processus de réglementation visant à pénaliser la négation des génocides, reconnus par la France, et rouvrir la question de l’adhésion de la Turquie à l’UE, les descendants des rescapés du génocide arménien, qui survivent en diaspora, rappellent aux instances et gouvernements des pays membres, l’incompatibilité d’une telle adhésion avec les valeurs qui guident la construction européenne, tant que le devoir de justice n’est pas accompli.
    Nous avons eu l’occasion de cette même tribune de souligner l’importance des relations séculaires et amicales franco-arméniennes. Votre présence ici en est la preuve irréfutable. Avant de terminer mon intervention avec la lecture d’un témoignage symbolique de cette amitié, permettez-moi au nom du CA de l’ACAM, au nom des Arméniens, présents à la cérémonie, de remercier Monsieur Jean-Marie Brétillon, la municipalité de Charenton pour l’excellente collaboration annuelle. Je tiens à remercier Monsieur Michel Herbillon, ainsi que les autres élus de la République, qui par leur fidèle présence s’associent à notre peine et témoignent chaque année leur attachement à notre juste cause. Nous remercions chaleureusement nos amis anciens combattants et résistants, toujours fidèles au poste. Je remercie Père Dirayr Kélédjian, les diacres de la paroisse de l’Église apostolique arménienne Saint-Pierre-et-Saint-Paul d’Alfortville, pour les prières et les chants qui accompagnent le moment de recueillement.

    Au XIXe s. apparaît une littérature arménienne à tendance patriotique et nationaliste, dont les auteurs sont inspirés par le modèle romantique français, qui se veut symbole de l’esprit de rébellion en Europe. À Constantinople, pour lutter contre l’oppression turque, de plus en plus pesante sur la population arménienne, la nouvelle génération d’intellectuels arméniens prend modèle sur les écrivains français et crée des œuvres directement inspirées de l’idéal libéral français. Le poète Krikor Tchilinguirian (1839-1923) en est un. Admirateur de la vision politique de Victor Hugo, il a non seulement traduit Les Misérables en arménien, mais il a entretenu une correspondance avec le grand homme, lorsque ce dernier se trouve en exil à Guernesey. Voici une de leurs correspondances :

    Illustre Maître,
    Plus on vous lit, plus on admire en vous le bienfaiteur de l’humanité souffrante, et votre nom est le symbole du progrès du XIXe s. Vous avez droit à la reconnaissance universelle. Parmi les peuples malheureux, qui voient en vous le champion de l’émancipation morale et matérielle, les Arméniens ne sauraient tarder à vous témoigner leur reconnaissante sympathie. Faible interprète des sentiments de mes compatriotes, j’ose vous témoigner l’expression la plus profonde, en traduisant Les Misérables, monument immortel de génie et d’amour, et en prenant la liberté de vous en dédier la traduction comme un hommage de grande estime et de haute admiration. Daignez agréer, Illustre Maître, l’assurance de mes respects les plus profonds.
    Krikor Tchilinguirian Smyrne, le 8 mars 1868, à Monsieur Victor Hugo, Guernesey.

    Réponse de Victor Hugo à Krikor Tchilinguirian

    Hauteville-House, 17 décembre 1868

    Monsieur,
    Votre première lettre ne m’est point parvenue. Je n’ai reçu la seconde qu’à mon retour d’une longue absence. De là ma réponse tardive. J’ignore votre vieil idiome, mais je l’aime. J’y sens l’Orient. J’y entrevois les siècles. J’y vois rayonner la mystérieuse lueur du passé. C’est une fierté pour moi d’être traduit en arménien. J’accepte avec reconnaissance votre noble dédicace, et je vous remercie. Victor Hugo

    Charenton, le 25 avril 2013
    Annie Pilibossian, présidente de l'ACAM


      Sommaire Activités    Sommaire Association     Accueil