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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Catholicos Karékine 1er
(1932 - 1999)

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Karekine 1

Nichan Sarkissian :

  • né à Kesab, en Syrie le 27 Août 1932
  • ordonné diacre de l'Eglise Apostolique Arménienne en 1949
  • moine, sous le nom de Karékine en 1952
  • consacré Evêque de Téhéran en 1964; Evêque du diocèse Irano-Indien en 1971-73; Evêque de New York en 1973-75, Archevêque 1975-77
  • Catholicos-Coadjuteur d'Antélias en 1977-83
  • Catholicos d'Antélias en 1983-95, sous le nom de Karékine II
  • élu 131eme Catholicos de Tous les Arméniens en 1995, sous le nom de Karékine Ier (premier Catholicos de ce nom à Etchmiadzine)
  • décédé à Etchmiadzine, en Arménie, le 29 Juin 1999
Karekine 1, Etchmiadzine
Bénédiction de l'Huile au Saint-Siège d'Etchmiadzine, le 8 septembre 1996 par Sa Sainteté Karékine 1er, Catholicos de Tous les Arméniens
L'action

Le Catholicos Karékine se trouva successivement à la tête des deux juridictions suprêmes de l'église arménienne, tout d'abord à partir de 1983 comme Catholicos de la Grande Maison de Cilicie, basée à Beyrouth, puis en 1995, en prenant le plus haut poste de l'Eglise arménienne, à Etchmiadzine en Arménie. Il fut élu 131ème Patriarche et Catholicos suprême de tous les Arméniens le 4 avril 1995, succédant ainsi au Catholicos décédé Vazken Ier, qui avait dirigé l'Eglise pendant près de quatre décennies. Cependant, son règne fut inconfortable en tant que chef suprême de l'Eglise. Elu au deuxième tour par l'Assemblée ecclésiale, par des représentants des principales communautés arméniennes du monde - composée de religieux et de laïques - Karékine, né en Syrie, ne fut jamais complètement accepté en Arménie même, où un fossé invisible sépare toujours ceux venus de la diaspora des natifs du pays. Il a également souffert de ce qui a été perçu comme une relation trop proche avec l'ancien Président Levon Ter-Petrossian (issu lui aussi de la diaspora), qui avait vigoureusement favorisé sa candidature aux dépens de plusieurs évêques locaux.

Connu pour ses qualités d'orateur, Karékine fut de plus en plus affaibli dans ses dernières années par le cancer du larynx qui devait finalement le tuer. Il fut opéré plusieurs fois aux Etats-Unis - sans succès - et revint en Arménie en mars 1999, incapable de parler. Pendant son traitement, l'archevêque d'Erevan fut nommé locum tenens.

Une des tâches principales qui attendait Karékine dans l'ancienne république soviétique fut la reconstruction d'un diocèse opérationnel et des structures administratives. Il fallait de nouveaux , des églises devaient être remises en état ou être construites. Tout ceci a dû être pendant une période marquée par la crise économique. En deux ans, il parvint à doubler la taille du séminaire d'Etchmiadzine et renforcer l'action du Centre d'éducation chrétienne. Il a également joué un rôle principal dans la préparation de la célébration, en 2001, du 1 700ème anniversaire de l'introduction du christianisme comme religion d'Etat en Arménie. A la différence d'autres ecclésiastiques plus âgés, Karékine pensait qu'il ne fallait pas répondre à la " menace " des nouveaux mouvements par une répression d'Etat, mais par un meilleur enseignement de l'Eglise. " Notre pays n'est pas une table rase, un espace vide pour l'expérimentation religieuse, déclarait-il en en 1994. " L'Eglise doit dépasser l'opposition ou la condamnation de sectes ou cultes nouveaux. Elle doit labourer le champ. Nous devons sortir, rencontrer les gens dans leurs maisons, leurs usines, dans les villes et les villages. "

Karékine considérait son entrevue de décembre 1996 au Vatican avec le pape Jean-Paul II comme une réussite éclatante. Les deux pontifes eurent un entretien privé de 25 minutes avant de signer une déclaration commune sur la nature du Christ en présence des évêques arméniens venus du monde entier. La déclaration a été largement diffusée - au moins auprès des catholiques - comme mettant fin au schisme séparant l'Eglise Catholique et l'Eglise Arménienne pendant quinze siècles.

Cependant, plusieurs évêques arméniens - qui ne prirent connaissance de la déclaration que pendant le vol de retour au départ de Rome - étaient mécontents à la fois du contenu du texte et de la façon dont Karékine l'avait signé sans une large consultation. Ce sentiment d'opposition était largement répandu, surtout dans les rangs des ecclésiastiques traditionalistes et anti-oecuméniques rassemblés autour de l'évêque Parkev Martirossian du Nagorno-Karabakh.

Le Catholicos voyait une visite papale en Arménie comme un moyen de cimenter ces relations. Jean-Paul II fut officiellement invité par le gouvernement arménien et l'Eglise début 1999. La visite était pour Juillet 1999. Cependant, la santé déclinante de Karékine conduisit à l'annulation de la visite, au grand soulagement de tous ses opposants ; un autre projet d'ajouter une visite d'une journée en Arménie après la visite du Pape en Pologne échoua également, cette fois-ci du fait de la santé du Pape.


La biographie

Né Nichan Sarkissian dans la diaspora arménienne de Syrie, il entra au séminaire du Catholicossat arménien de Cilicie, situé dans la banlieue de Beyrouth à Antélias. Ordonné diacre en 1949, il termina de brillantes études en 1952. La même année, il fut ordonné prêtre célibataire, prenant le nom de Karékine, et entra au monastère du Catholicossat.

Il reçut le grade de " vartabed " (archimandrite) en 1955 et rejoignit le corps enseignant du premier séminaire d'Antélias en tant que professeur, puis comme doyen. De 1957 à 1960 il étudia la théologie à l'université d'Oxford, traitant dans sa thèse des motifs pour lesquels l'Eglise arménienne avait été absente du Concile de Chalcédoine en l'an 451 et avait rejeté ses conclusions théologiques 50 ans plus tard (thèse éditée en 1965 sous le titre "Le Concile de Chalcédoine et l'Eglise arménienne").

Au cours de la décennie suivante, Karékine servit de bras-droit à Khorène Ier, le Catholicos de Cilicie d'alors, tout en participant à des conférences religieuses dans le monde entier. Il joua un rôle principal dans l'introduction de la juridiction d'Antélias au sein du Conseil Mondial des Eglises en 1962. De 1962 à 1965 il fut observateur au Concile Vatican II.

Il fut élevé au grade d'archimandrite senior en 1963, consacré évêque de Téhéran en 1964, et en 1971 fut nommé évêque du diocèse Irano-indien, avec siège à Ispahan. En 1973 il fut nommé Archevêque et primat de la Prélature de l'Est des Etats-Unis, avec siège à New York.

En 1977 il retourna à Beyrouth et fut élu le 29 mai Catholicos de la Grande Maison de Cilicie. Il servit en qualité de Catholicos Coadjuteur " aux côtés de Khorène jusqu' à la mort de ce dernier en 1983, où il devint le Catholicos Karékine II (à ne pas confondre avec son élection à Etchmiadzine, quand il devint Karékine Ier, étant le premier "Karékine" a tenir ce poste). Il considérait le développement de l'éducation religieuse dans le Catholicossat comme prioritaire, ainsi que l'expansion de la recherche et de l'édition.

Ses années à la tête de l'Eglise de Beyrouth ont en grande partie coïncidé avec la guerre civile au Liban, dans laquelle la communauté arménienne tenta désespérément de ne pas être impliquée. Karékine s'employa à favoriser ce qu'il appelait " neutralité positive ". Au pire moment, il dut s'abriter avec les autres moines dans l'imprimerie souterraine pendant que les forces du Général Aoun échangeaient des tirs avec les troupes gouvernementales au pied du monastère. Karékine écrivit une méditation à la lueur des lampes-tempête, intitulée "Une croix faite des cèdres du Liban". Il fuma également d'innombrables cigares (personnalisés " HH Karekin II " sur la bague en soie, cadeau d'un riche Arménien du Koweït).

Son engagement pour l'oecuménisme continua après son élection comme Catholicos. Il fut l'un des trois présidents du Conseil des Eglises du Moyen-Orient et fut pendant 14 ans membre du conseil exécutif et du Bueau central du Conseil Mondial des Eglises. Il a produit un flux constant de publications sur la théologie, l'histoire et la littérature.

Karékine fut l'instrument de l'amélioration des relations entre le Catholicossat de Cilicie et le Catholicossat d'Etchmiadzine, qui avaient été très tendues dans l'après-guerre. Il fit trois visites en Arménie avant la chute de l'Union soviétique - il vint dans la semaine qui suivit le tremblement de terre dévastateur qui frappa Spitak en décembre 1988 - et vint souvent après 1991, quand l'Arménie reconquit son indépendance.

La grande expérience de Karékine lui donnait de larges perspectives et une approche oecuménique des affaires de l'Eglise. Ses vues n'ont pas été toujours appréciées en Arménie, où l'Eglise est récemment devenue plus tournée vers elle-même et prévenue à l'égard du reste du monde chrétien. Beaucoup ridiculisaient l'éloquence de Karékine, la traitant de pose et de phrases vides. Ils pensaient qu'il réussissait mieux dans la présentation brillante d'un problème que dans la mise au point de solutions. Il ne parvint pas - malgré de grands espoirs initiaux - à réaliser l'intégration des deux juridictions rivales d'Etchmiadzine et d'Antélias

Il suivit également la pente habituelle des ecclésiastiques arméniens dans le refus de définir une position d'Eglise sur les questions morales. " Notre Eglise est bien connue dans le monde comme respectant la liberté de pensée, " expliquait-il, " et nous n'imposons pas à nos fidèles de règles dogmatiques sur les questions pratiques telles que l'avortement ou l'homosexualité. "

Mais Karékine cherchait à donner à l'Eglise arménienne une place digne dans un monde chrétien élargi. En Arménie, il souhaitait un clergé et des laïcs instruits, essentiels à la reconstruction de son infrastructure humaine après les ravages de l'athéisme et de la sécularisation imposés pendant la période soviétique. En dépit de son acceptation du soutien de Ter-Petrossian lors de son élection, Karékine chercha à maintenir l'Eglise hors de l'arène politique.


L'intérim

L'Archevêque Nersès Pozapalian a été élu le 4 juillet 1999 chef par intérim de l'Eglise Apostolique Arménienne, poste qu'il occupera jusqu'à l'élection du prochain Catholicos. Agé de 62 ans, Pozapalian est né en Turquie et a vécu 18 ans au Liban dans sa jeunesse. Il a étudié dans des instituts théologiques à Sergiyev Posad, près de Moscou, à Londres et à Genève.
Evêque en 1974 et archevêque en 1986, il occupait dans l'Eglise arménienne depuis 1982 un poste équivalent à celui de ministre des affaires étrangères.

Pozapalian s'occupera des affaires courantes et de la préparation de l'élection qui doit avoir lieu entre 6 et 12 mois après le décès de Karékine 1er, par plus de 400 électeurs venus du monde entier, ecclésiastiques et représentants laïcs des communautés [il est actuellement question d'avancer cette élection pour que le nouveau Catholicos puisse participer aux cérémonies de l'An 2000 à Jérusalem].

Au dépouillement du vote à Etchmiadzine, Pozapalian a reçu plus de suffrages que l'Archevêque Karékine Nersissian, qui agissait comme locum tenens durant la maladie du Catholicos, et dont on pense qu'il est bien placé pour lui succéder (effectivement élu).


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