AVANT-PROPOSLa Conférence que l'on va lire a été prononcée, sous les auspices de Foi et Vie, dans la grande salle de la Société de l'Horticulture, à Paris, le 16 janvier 1916.
Ce qui a donné un intérêt tout particulier à. la séance, ce sont les vues, (monuments, paysages, portraits, scènes d'Arménie), qui ont été projetées et accompagnées d'explications courtes, précises, par M. Fr. Macler, professeur d'Arménien à l’Ecole Nationale des Langues Orientales vivantes et, habilement entremêlés aux projections, les chants arméniens. (un Miserere, une berceuse, une idylle, une chanson patriotique), exécutés par Mlle Marguerite Babaïan, professeur de musique, et Mlle Kavanoz, accompagnées par un chœur. Ces dames, artistes consommées, ont chanté avec un art, une douceur et une émotion qui ont produit la plus vive impression. Dans sa très courte allocution, M. le professeur Macler a parlé de ces mélopées arméniennes « toutes de douceur et de mélancolie, toutes de rusticité montagnarde ou de mâle énergie » ; et il a cité les lignes suivantes d'un spécialiste, M. Louis Laloy, (Le Mercure Musical, 15 décembre 1906, p. 22) : « Aucun de nous, je crois, sauf de très rares initiés, ne pouvait soupçonner les beautés de cet art, qui n'est en réalité ni européen, ni oriental, mais possède un caractère unique au monde de douceur gracieuse, d'émotion pénétrante et de tendresse noble. Des mélodies aux inflexions délicates et cependant précises, des rythmes souples et vivants, une musique qui vient toute du cœur et coule comme une eau fraîche, transparente et lumineuse. Il y a du soleil en ces chants, mais non pas le soleil dévorateur des déserts de l'Arabie et de la Perse ; une clarté dorée, toute céleste, dont l'ardeur est une caresse à la blancheur des cimes, au vert des forêts et aux reflets des ruisseaux murmurants. Peut-être n'ont-ils pas tort ceux qui placent en Arménie, au pied du mont Ararat, le Paradis Terrestre )›. Pour savoir ce qu'est une âme, surtout l'âme d'un peuple, le meilleur moyen n'est-il pas de lui demander ce qu'elle, chante, et comment elle chante ?
J'aurais aimé remercier ceux qui m'ont aidé dans mes études ; ceux qui, avec une patience inlassable, ont répondu à mes innombrables questions, quelquefois par de véritables Mémoires ; cela m'est interdit. Je ne puis nommer que M. le professeur Macler qui, avec la plus grande amabilité, m'a introduit dans la littérature spéciale du sujet. Si mon travail se rapproche plus ou moins du but que je me suis proposé : écrire un petit manuel à l'usage des Amis de l'Arménie, c'est à ces concours précieux et amicaux que je le dois.
E. D.
TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PROPOS
Conférence sur L'ARMÉNIE, LES MASSACRES ET LA QUESTION D'ORIENT p. 3
Etudes et documents p. 37
I - L'ORIENT ENJEU ET CAUSE DE LA GUERRE
I. Le plan : Première étape p. 37
2. La dernière étape : la Turquie p. 4o
3. L'Étape intermédiaire : la Serbie p. 46
4. Le symbole : le Hambourg-Golfe Persique p. 48
II - LES Turcs.
1. Le Gouvernement et le Peuple p. 52
2 Absence du sens de l’organisation p. 54
3. La persécution : un mode d'administration p. 54
4. La tolérance turque p. 58
5. Que dit le Coran p. 6o
6. Le droit commun, les capitulations, les réformes p. 63
7. Affinités ethniques ; Turcs et Bulgares p. 66
8. Affinités morales ; Turcs et Pangermanistes p. 66
III - LES ARMÉNIENS
I. Géographie politique : la grande Arménie turque p. 69
2. La petite Arménie, ou Cilicie p. 7o
3. Géographie physique p. 72
4. Statistique p. 73
5. Commerce et industrie p. 75
6. Instruction publique p. 75
7. Mœurs et caractère p. 76
8. La littérature arménienne p. 85
9. Saint Grégoire l'Illuminateur et le Christianisme p. 87
10. L'Eglise Arménienne ou Grégorienne p. 91
11. Un Catholicos p. 95
IV - DE SAN STEFANO A BERLIN
1. Traité de San Stefano p. 98
2. Traité de Berlin p. 101
3. Les Réformes p. 103
V - ABDUL-HAMID
1. L'école du massacre p. 107
2. Le contrôle général p. 108
3. Le Panislamisme p. 109
4. La Cavalerie Hamidié p. 110
5. La parole d'honneur d'Abdul-Hamid p. 111
6. Les massacres : littérature, un épisode p. 111
7. Abdul-Hamid et Guillaume. L'embrassade du 18 octobre 1898 p. 113
8. Abdul-Hamid et un diplomate français p. 114
9. Les massacres d’Abdul-Hamid et le Pasteur allemand Naumann p. 115
10. Les massacres d’Abdul-Hamid et le Pasteur allemand Schneller p. 122
11. Avertissements et Prophéties p. 124
VI - Les JEUNES-TURCS
1. Avant 1908 p. 126
2. Le pacte entre les Jeunes-Turcs et les Arméniens p. 126
3. Le panturquisme p. 129
4. Portraits de Talaat Bey et d'Enver Pacha p. 131
5. Les massacres : sources américaines p. 132
6. Les massacres : sources allemandes p. 134
7. Le caractère général des massacres p. 137
VII - LES MASSACRES ET L'ALLEMAGNE
1. Une accusation sans preuves p. 139
2. Il faut distinguer entre le peuple et le Gouvernement p. 141
3. Le Chancelier et les Représentants du Catholicisme et du Protestantisme allemands p. 142
4. Fraternité et agapes turco-allemandes p. 145
VIII - LES TROIS MENSONGES
1. Le mot et sa signification p. 147
2. Le dernier plaidoyer Jeune-Turc-Allemand p. 147
3. Le premier mensonge p. 148
4. L'innocence de l'Arménie p. 15o
5. C’est la faute de l'Angleterre et des Alliés p. 153
6. Les partis révolutionnaires p. 153
7. Les cinq grandes preuves de la « sédition » et de la « trahison » arméniennes p. 166
8. Le second mensonge p. 167
9. Le troisième mensonge p. 173
10. Le dernier plaidoyer Jeune-Turc, en français p. 177
IX. — LES MASSACRES ET LA FRANCE
1. Un épisode : une Femme de France p. 185
2. Un épisode : quelques Marins de France p. 186
X - L'AVENIR DE L'ARMENIE p. 194
XI. - APPELS SUPREMES p. 197
APPENDICE p. 201
Carte de la mer du Nord au golfe Persique.
Carte de l'Empire ottoman.