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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Khatchkar

Parc Idjevan - 26000 Valence

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Inauguration le dimanche 19 avril 2015

Inauguration --- Cliquer pour agrandir
Inauguration


Dimanche 19 avril près de 400 personnes étaient réunies au parc Idjévan de Valence (Drôme) pour l’inauguration du khatchkar, don de généreux bienfaiteurs d’Arménie, présentes lors de la cérémonie inaugurale par Vaner Harutyunyan le vice-consul d’Arménie à Lyon ainsi que les hommes d’affaires et donateurs Armen Chahazizian et Karen Kakoyan. Une cérémonie qui bénéficiait du double soutien du Ministère arménien de la Diaspora et de l’Eglise arménienne d’Etchmiadzine.

Dans le cadre du centenaire du génocide des Arméniens, ce sont les associations de l’amicale des Arméniens d’Ourfa (présidée par Georges Rastklan) et France-Achtarak (présidée par Lévon Chatikyan) qui ont pris l’initiative de cette manifestation.

Tour à tour Georges Rastklan puis Lévon Chatikyan se sont exprimés sur l’objectif de l’inauguration du khatchkar. Puis Jacques Abrahamian (vice-président de l’Amicale des Arméniens d’Ourfa) détaillé le message que véhiculait le khatchkar. J. Abrahamian dit « Nous nous retrouvons dans ce Jardin d’Idjevan où nous avons, avec les dames de la Croix bleue planté, il y a quelques semaines l’arbre du souvenir. Et nous sommes là à nouveau pour redonner à cette terre d’accueil, qui nous est si chère, une nouvelle marque de reconnaissance. A l’époque préhistorique, comme à Carnac en Bretagne avec ses 2 934 menhirs ou les Stonehenge en Angleterre, l’Arménie avait déjà sur ses terres des monuments en pierre dressés. Sur les hauts plateaux du Sud arménien, à 3 km au nord de Sissian, un site mégalithique a longtemps intrigué les chercheurs. Il est composé de plus de 200 menhirs et de nombreuses tombes. Il s’agirait d’un observatoire et d’un lieu de culte antique au Dieu soleil. La pierre, confiée au temps, comme matériau de base et primitif, était déjà, dans la préhistorique, une garantie de résistance, de force et de longévité, et dans le cas de ces menhirs, c’était de plus un message transmis à l’humanité en marche, en marquant les lieux des civilisations primordiales.

Il est certes difficile de préciser les liens qui relient les stèles paléochrétiennes aux khatchkars quand les premières disparaissent, les secondes se développent et à partir de la fin du IXème siècle elles n’ont cessé d’être produites en grande quantité jusqu’à nos jours en exemplaire unique et toujours différent. On trouve ces khatchkars, comme une ponctuation simple, répétitive, dans les cimetières, dans l’enclos des monastères ou le voisinage des églises. Les khatchkars, marquent sans aucune confusion possible, le territoire historique arménien, ce qui, soit dit en passant, n’échappe pas à ceux qui veulent le faire disparaître depuis le Génocide en les détruisant comme dans le Nakhitchevan.

Les khatchkars sont la manifestation allégorique, et sans doute la plus forte expression, de l’identité arménienne. De tous les objets d’art arménien, ces stèles de pierre portant une grande croix, sont à la fois les plus communs et les plus originaux. Cette évolution est probablement à mettre en relation avec celle de la pensée théologique arménienne. En effet, dès le VIe siècle, après le concile de 553, l’église arménienne évolue vers une réserve de plus en plus accentuée envers les représentations figurées. Les khatchkars correspondent à l’aboutissement de cette évolution ésotérique vers un art non-figuratif et fondamentalement symbolique. Les motifs assemblés autour de la croix ne sont pas des garnitures décoratives mais sont chacun, l’un après l’autre, des symboles, réfléchis et antiques, qui ont participé à la rédaction d’un message transmis, d’âge en âge, que la stèle avait pour fonction de révéler et de promettre à ceux qui voulaient en pénétrer le sens. L’étude de cette symbolique nous renseigne sur ce qu’a du être le Christianisme transcendant Arménien dans son universalité et sa fidélité doctrinale des premiers siècles : ces khatchkars sont des images non figuratives et non personnifiées du Verbe, de la Lumière et de la Vie.

La croix, symbolise la Vie, la Résurrection, le Principe même de l’immortalité de l’âme et non sa mort ce qui est au cœur de la quête de toutes les religions ! Et c’est un fait frappant de se souvenir que, ce principe même de la vie, est représenté depuis très longtemps en Chine par une croix aux bras égaux. La croix reste pour les Arméniens ce symbole de la vie éternelle reliant la verticale, du ciel au centre de la terre, reliant le ciel au centre de l’homme qui se trouve les bras ouverts au carrefour des horizontales passant par les 4 points cardinaux ; Un symbole de vie éternelle effectivement opposé à la mort. Les huit extrémités des croix arméniennes se terminent toujours par des disques solaires.

Ce cercle, trait sans commencement ni fin, est une figure antique emblématique de l’infini et de l’éternité, plus particulièrement lorsque son centre est marqué d’un point. Il est aussi une figuration du soleil source de toute vie et de tout bien sur la terre.

Nous retrouvons aussi cette Réalité lumineuse dans l’enseignement des maîtres bouddhistes mais aussi chez des mystiques de l’Islam, les soufis, et c’est peut-être une des autres raisons mystérieuses et mythiques pour laquelle Saladin dans sa sagesse confiât la garde du saint sépulcre aux Arméniens.

Enfin les rameaux placés de part et d’autre de la base de la croix et les fruits pendus au sommet font penser à un arbre, assimilé à l’Arbre de Vie (qui est aussi figuré par la Ménohra) l’Arbre qui se dressait au milieu du paradis, l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal qui nous adresse une vérité voilée et nous révèle un profond mystère. Et lorsqu’enfin seront suivis et parcourus patiemment les traits sculptés et burinés de toutes les régions de ce Khatchkars, les passants, ne retiendront de ce mystère que la force de l’Amour d’un peuple qui vient offrir, ici dans ce jardin d’Idjevan, la plus belle partie de son âme et de sa croyance ; Un amour indéfectible et infini, qui vient marquer de cette Pierre, (qui devrait plutôt être un diamant de 900 kilos), ce lieu en reconnaissance de l’hospitalité fraternelle et solidaire du peuple de France, de notre région, de notre ville, qui a son tour a transformé par sa charité et sa bienfaisance active, cette croyance en espérance, cette espérance en foi, foi en l’humanité, foi en la justice et la Vérité. »

Le vice-consul d’Arménie, Vaner Harutyunyan a également démontré dans son brillant discours, l’importance du khatchkar dans la culture arménienne évoquant l’identité de l’Arménie chrétienne surgissant de ces pierres ciselées. Vaner Harutyunyan évoqua également le sort des centaines de khatchkar détruits par les Azéris au cimetière arménien de Djoulfa au Nakhitchevan. L’Azerbaïdjan qui désirait détruire les traces du patrimoine arménien sur des terres arméniennes. Vaner Harutyunyan a remercié le Maire de Valence, Nicolas Daragon pour son soutien sans faille aux manifestations liées au centenaire du génocide. Il a également présenté et remercié Armen Chahazizian et Karen Kakoyan pour avoir permis la réalisation de cet évènement par leur générosité. Le vice-consul d’Arménie à Lyon a remercié en outre le ministère arménien de la Diaspora et notamment la ministre Hranouche Hagopian qui n’ont pas épargné leurs efforts pour la réalisation de ce projet d’un khatchkar à Valence.

Il fut lu par ailleurs lu le message du Catholicos Karékine II adressée à la ville de Valence pour cette inauguration du khatchkar. Le texte d’Etchmiadzine signé par le Catholicos Karékine II affirme « Par le Primat de l’Eglise arménienne en France, Mgr Vahan Hovhanessian, nous avons appris avec joie l’inauguration d’un khatchkar à Valence dédiée au 100ème anniversaire du génocide des Arméniens. Nous donnons une grande importance aux manifestations dédiées au centenaire du génocide des Arméniens dans divers pays du monde. De tels évènements contribuent grandement à faire connaître auprès d’un large public le crime inhumain réalisé au début du 20ème siècle par le gouvernement Ottoman dont furent victimes des millions d’Arméniens innocents. Notre peuple se souvient avec gratitude de l’aide apportée à notre peuple par de nombreux pays aux rescapés du génocide. La France fut l’un de ces pays où trouvèrent refuge de nombreux Arméniens échappés de la mort et qui ont pu construire leur vie spirituelle et communautaire. La France a également reconnu et condamné le génocide des Arméniens. Parallèlement aux sentiments fraternels exprimés par la France envers notre peuple et la condamnation des violences, le placement du khatchkar à Valence est l’expression de la construction d’un monde de paix. Une occasion pour nous d’apporter notre bénédiction et notre satisfaction aux autorités valentinoises, ainsi qu’aux initiateurs de ce projet et de ceux qui lui ont apporté leur soutien. Nous apportons notre bénédiction aux fils et filles de notre peuple présents lors de l’inauguration de ce khatchkar. Que Dieu garde la France et son peuple dans la paix et la sécurité. »

Après l’intervention de Vaner Harutyunyan, le Maire de Valence Nicolas Daragon prit la parole pour affirmer l’importance du khatchkar pour sa ville et l’importante communauté arménienne. Il a en outre rappelé que sa Valence multiplie les manifestations liées au centenaire du génocide des Arméniens. Il a salué les référents de Mission 2015 Drôme-Ardèche « qui font un travail formidable » avec la conseillère communautaire Annie Koulaksezian-Romy. Etaient également présents près d’Annie Koulaksezian-Romy, les autres élus d’origine arménienne, Nathalie Iliozer et Franck Daumas-Diratzonian, adjoint au Maire.

Après la cérémonie de l’inauguration du khatchkar, l’Amicale des Arméniens d’Ourfa a invité le public à une réception à la Mairie de Valence. Lors de cette réception, Vaner Harutyunyan, Armen Chahazizian et Karen Kakoyan remirent au Maire de Valence, Nicolas Daragon des livres souvenirs ainsi que des timbres-poste représentant le myosotis édités par la Poste arménienne à l’occasion du 100 ème anniversaire du génocide. Le groupe musical Sheram accompagné par Lévon Chatikyan au duduk donna une prestation musicale avec Ankiné Rastklan qui chanta quelques chansons arméniennes liées à la douleur du peuple arménien victime du génocide il y a un siècle.

Krikor Amirzayan

Mise à jour : 2015

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