Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Communautés arméniennes
en Provence

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Carte de la Region Provence

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13 - Bouches-du-Rhône
84 - Vaucluse

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84 - Vaucluse

    LES ARMENIENS EN AVIGNON
    Reportage et photos Edouard Mardirossian,
    France-Arménie numéro 139, Novembre 1994

    Jean Althen est le plus ancien et le plus célèbre des Arméniens d'Avignon. Une statue a été érigée en son honneur. Une ville de la proche banlieue porte son nom. Hovhannès Altounian, de son vrai nom, a beaucoup contribué, dès le XVIIIa siècle, à l'épanouissement de l'économie locale. La région lui en a toujours été reconnaissante.

    Sans aller aussi loin, la présence d'une colonie arménienne dans le Vaucluse remonte au temps où les jeunes rescapés du génocide de 1915, sortis à peine de l'âge de l'adolescence, parcouraient la France à la recherche d'un emploi. Dans des entreprises importantes des communes industrielles des environs d'Avignon, des contrats de travail leur sont accordés, comme la société de papeterie Gromelle, à Saint-Saturnin - où un tiers du personnel était d'origine arménienne - au Pontet, à Montfavet etc...
    Venant plus particulièrement de la région de Kharpert dès les années 20, les Arméniens du Vaucluse, comme partout, sont des travailleurs indépendants et ouvrent des échoppes qui deviennent des lieux de rencontres. Des fêtes y sont organisées.

    Un quartier aux noms d'Arménie

    Forte aujourd'hui de 450 familles, répertoriées dans le département (le grand Avignon, Orange, Bollène...) et dans la périphérie (Nîmes, Arles...), la communauté s'est dotée d'une association qui s'efforce depuis une quinzaine d'années d'organiser des activités culturelles et traditionnelles, très bien perçues, par ailleurs, par la population et les autorités locales. Cette intégration aidant et grâce à des relations privilégiées, les Arméniens ont obtenu de l'ancienne équipe municipale, conduite par Jean-Pierre Roux, des faveurs collectives mais également une reconnaissance culturelle avec l'attribution de noms de lieux géographiques de l'Arménie (Erevan, Ani, Sevan etc ...) à des rues de la ville, notamment celles situées dans le quartier du Pont des Deux Eaux, le 2 mars 1982. Le nom du résistant Manouchian a été donné le 18 mai 1981 à une importante artère, en hommage aux combattants de l'ombre durant la guerre. Dans ce quartier sud d'Avignon, les ensembles d'habitation portent des rues à thème; dans celles à consonance arménienne, aucune famille de cette origine n'y est pourtant domiciliée, alors qu'on les croirait pourtant réservées à cette communauté.
    En quête d'union, l'Association culturelle d'Avignon tente de jouer un rôle de rassembleur entre Arméniens dispersés, mais ravis de se retrouver lors des manifestations commémoratives ou culturelles, et certains pionniers retranchés derrière leurs actions passées. Les responsables de l'ACA privilégient également l'animation d'une communauté qui demeure encore un peu discrète par rapport aux possibilités et à l'attachement que la ville lui porte.

    Certaines individualités se sont démarquées en apportant leur contribution à l'Arménie, en collaboration avec SOS Arménie-Marseille, l'association Equilibre et l'INRA. Présentes au lendemain du séisme de décembre 1988, elles ont été marquées par ces terribles images apocalyptiques, aussi toute manifestation communautaire leur paraissait quelque peu dérisoire face à l'ampleur des besoins de la patrie. De son côté, Alex-Hovhannès Zadikian, sensible au destin de son peuple, a donné à son luxueux hôtel le nom d'Araxe, situé dans un décor rappelant l'Ararat (le Mont Ventoux) et l'Araxe (la rivière de la Sorgue). Le bulletin "Les Echos" de Montpellier constitue certes un trait d'union entre communautés voisines et, avec l'arrivée de l'archimandrite Vatché Iknadiossian à Avignon, la communion entre elles devrait favoriser une meilleure coordination et peut-être réconcilier cette population hétéroclite.

    Services religieux réguliers
    Un conseil paroissial projette à partir de janvier prochain de faire célébrer des services religieux régulièrement dans la cité des Papes (deux dimanches par mois) et à des intervalles plus ou moins longs dans les autres villes de la région ayant une présence arménienne (Alès, Apt, Arles, Bollène, Carpentras, Cavaillon, Nîmes, Orange, etc ...) ou ayant laissé une trace historique (Althen-des-Paluds, Tarascon, etc ...) La rencontre entre responsables du comité et Mgr Bouchex, évêque d'Avignon, a permis d'avoir à disposition la chapelle Saint-Louis, tout près du centre ville, baptisée Sourp Vartan, où les premières messes ont été dites dès le mois d'août en mémoire du Catholicos Vazken 1-. A compter du 12 octobre, chaque mercredi, des cours d'arménien sont également dispensés à Avignon, par le Père Iknadiossian. La route est encore longue pour atteindre ces objectifs à la fois coûteux et exigeants. Mais dans la mémoire collective, seul demeurera le souvenir de Jean Althen, celui qui introduisit la culture de la garance en France.

    Jean Althen
    Arménien venu de Perse, Jean Althen (1709-1774) travaille d'abord dans les plantations de coton et de garance en Anatolie comme esclave avant de trouver refuge en France, et plus particulièrement en Avignon, avec le privilège exclusif de cultiver la garance pendant 10 ans. En 1770, les cultivateurs de Montreux et du hameau des Paluds (signifiant marécages) l'exploitent également et font d'Althen-des-Paluds -commune créée par ordonnance royale le 4 juin 1845 - la véritable capitale de cette culture. Une statue est élevée à la gloire de l'agronome arménien en 1847 à Avignon; elle est transportée presque un siècle après sur la place de la mairie du village qui porte son nom, mais les Allemands l'emmènent dans leur fonderie en 1942 pour fabriquer des canons.
    Avec le concours de l'ancien maire d'Avignon, une souscription permet d'élever une autre statue en 1988 sur le Rocher des Doms, surplombant le Palais des Papes, lieu de rassemblement chaque année des Arméniens qui rendent hommage aux victimes du génocide arménien.

    HOMMAGE A JEAN ALTHEN

    Le grand agronome est de retour à Avignon, la statue de Jean Althen s'élève à nouveau sur le rocher des Doms, ce belvédère qui domine la vallée du Rhône. Le 21 novembre 1847, un premier monument avait été érigé au même endroit; il sera confisqué et probablement fondu par les Allemands, durant l'Occupation.
    Si bien que ce fut une foule émue, plus de 500 personnes, qui se rassembla autour de la nouvelle statue - oeuvre du sculpteur Louis Ball - le mercredi 8 juin.

    Une inauguration d'autant plus émouvante pour la Communauté Arménienne qu'une plaque porte gravé dans le marbre "A la mémoire des 1 500 000 Arméniens, victimes du génocide ordonnée par les dirigeants turcs au pouvoir en 1915. A la gloire des combattants et résistants arméniens morts pour la liberté et la France. Et Paul Ghatiguian, président de l'Association culturelle arménienne d'Avignon et de Vaucluse, pouvait lancer ces mots au député-maire Jean-Pierre Roux : "Désormais, grâce à vous, Monsieur le Maire, nous pourrons chaque année commémorer dans la dignité notre deuil national".
    La Communauté Arménienne s'était cotisée, la municipalité avait complété les fonds recueillis, et ainsi avait pu se concrétiser - grâce aussi à l'obstination de Michel Chirinian- le projet pour lequel avaient tant oeuvré Krikor Behriguian et Gilbert Beaujour, aujourd'hui disparus.
    De nombreuses personnalités ont assisté à la cérémonie, au premier rang desquels Mgr Hagop Vartanian, évêque de Marseille et Vicaire général des Arméniens du Midi de la France, M. Charles Derderian, président national des anciens combattants arméniens, M. le Sénateur Alain Oufaut et une délégation de 20 membres venues d'Arménie Soviétique sous la conduite de Sergueï Baibourian, 1er adjoint au Maire d'Erevan.

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