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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Diasporas - Turquie

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Une communauté tétanisée, Mai 2007

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à Istanbul (Turquie)


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Article d’Isabelle Kortian, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 132, Juillet-Août 2007

A la rencontre d'Istanbul et de ses Arméniens en mai 2007

Entre crise institutionnelle turque et vague nationaliste, la communauté vit des jours difficiles.
Entre peur et beauté, entre inquiétude et délire paranoïaque, Istanbul affiche sereinement ses mille et une contradictions en cette fin de mois de mai 2007. Les élections présidentielles ont été ajournées, les élections législatives avancées au 22 juillet 2007. Temps suspendu comme le Pont du Bosphore qui a enrichi récemment son éclairage nocturne avec des séquences de rouge et puis de rose violet. La manifestation géante en faveur de la laïcité qui vit converger, le 29 avril 2007, un million de personnes vers Caglayan (cortège qui exprimait sa crainte ou son refus de voir accéder à la présidence de la République un membre de l'AKP) a fait oublier ou presque le rassemblement des 100 000 personnes lors des obsèques de Hrant Dink, le 23 janvier 2007. De toute façon, les temps ont changé, l'eau a coulé sous les ponts.

Le bon et le mauvais citoyen
Non loin du journal Agos, mais comme en beaucoup d'autres endroits de la ville, une vieille femme kurde vend des drapeaux turcs de toutes les tailles. «Avant, je vendais des midye dolman, me dit-elle, on avait pris la place des Grecs et des Arméniens quand ils sont partis, mais maintenant les Chinois veulent prendre le contrôle de ce business ». J'évite de lui demander si elle vit la mondialisation comme une crainte ou une opportunité. Mais, en revanche, le spectacle de ces fenêtres qui ont arboré un flamboyant drapeau turc, faisant face à d'autres fenêtres qui, dans une tranquille assurance, ont choisi de ne pas le mettre, m'intrigue depuis plusieurs jours déjà. On n'est pas vraiment dans une guerre de position, plutôt sur un qui vive, dans un esprit de vigilance, en posture d'attente. Et de ce qui semble au premier abord un rapport de forces émergent deux questions de droit, deux questions déstabilisantes. Le drapeau turc n'est-il pas le drapeau des 70 millions d'habitants de ce pays ? Comment peut-il être confisqué par un parti ou un mouvement politique contre un autre ? Le blocage institutionnel qui caractérise la Turquie aujourd'hui ne pose-t-il pas dans toute son ampleur la question d'un conflit de légitimité ? Il ne s'agit pas seulement de savoir qui a le droit d'occuper le palais de Cankaya, mais aussi quel est le bon et le mauvais citoyen, qui est citoyen à part entière et qui est citoyen de seconde zone. Contrairement aux apparences, les fenêtres drapées n'avouent-elle pas la fragilité d'une certaine conception de l'identité turque, obligée à chaque instant de se protéger derrière le drapeau et l'article 301 du nouveau code pénal? Une identité tentée par un repli sur soi, à l'intérieur de ses frontières, en tenant à distance les Etats-Unis et l'UE, pas seulement en raison de la guerre d'Irak ou de la médiatisation de 1915, mais réactivant le fantasme délirant des figures de l'altérité perçues comme source d'inquiétude ou de menace. 70 ans après la fondation de la République, quel besoin d'afficher ce non-dit que les figures de l'altérité ne sont pas seulement les minorités, mais encore les intellectuels, les démocrates ou les simples gens, qui se battent pour une consolidation de la démocratie dans leur pays, stigmatisés pour cette raison comme des individus dangereux sapant les valeurs de la République ? Et si a contrario ces fenêtres, sans parure aucune, exprimaient le ras-le-bol d'une conception ultra-sécuritaire de l'identité où l'ennemi extérieur a toujours sa cinquième colonne à l'intérieur ?

Lettre de menace
Au voyageur trop pressé qui, d'un coup d'œil, s'empresserait de juger définitivement de la situation, le poyraz, ce vent du nord, glacial, qui ne souffle qu'à Istanbul, se charge de rappeler qu'ici rien n'est simple, rien n'est comme on croit. On aurait tort de croire par exemple que le drapeau suffise à vous protéger, en tout cas, de quelques éléments ultranationalistes décidés à en découdre. Les écoles arméniennes d'Istanbul ont reçu à la mi-mai une lettre lourde de menaces titrée « dernier avertissement et ultimatum ». Dernier avertissement, mais quel fut donc le premier ? Ces lettres sont destinées à l'ensemble de la communauté, mais visent aussi les Kurdes et par extension tous ceux qui émettent des pensées jugées dissidentes, nuisibles à l'intégrité et la sécurité du pays. Sur l'une des enveloppes, l'expéditeur anonyme a le bon goût de préciser son adresse : rue de Trébizonde... A bon entendeur salut ! Avant que la communauté ait pu arrêter une politique précise en matière de communication sur un sujet aussi grave, c'est la presse turque qui a divulgué l'information. Le journal Vatan tout d'abord dans son édition du 16 mai, puis d'autres journaux avec par exemple un article très émouvant d'Orhan Kemal Cengiz paru dans le Turkish Daily News du 8 juin. Il y cite des extraits de la lettre de menace : « des slogans tels que « nous sommes tous des Arméniens, nous sommes tous Hrant Dink » sont des exemples de chauvinisme extrême et des appels à la révolution. N'oubliez pas qu'à côté des citoyens arméniens de Turquie, se trouvent aussi dans notre pays des Arméniens d'Arménie au nombre de 100 000 environ. Nous connaissons leurs adresses et leurs lieux de travail. Désormais nous attendons de nos Arméniens de Turquie qu'ils se fassent l'avocat de la vérité concernant le génocide arménien ou tout autre sujet et qu'ils se comportent comme des défenseurs des institutions de l'Etat. Nous garderons un œil sur la façon dont les Arméniens vont jouer ce rôle... Ce pays n'a jamais pardonné la trahison et ne la pardonnera jamais. Celui qui ne soutient pas notre patrie paradisiaque est contre nous et sera vaincu ». Pour le journaliste, cette lettre n'a pas d'autre but que de provoquer un nouvel exode des Arméniens et il affirme dans le titre de son article que « la Turquie ne peut pas s'offrir le luxe de perdre ses Arméniens ».

Des jours difficiles
Le but de ces lettres, dont le contenu et le style suscitent par ailleurs plein d'interrogations, est-il vraiment de semer la panique au point de provoquer un nouvel exode des Arméniens de Turquie et chasser aussi par la même occasion ceux venus d'Arménie ? Mais alors, s'il est question de régler le problème des minorités, en les chassant, ce genre de courrier ne peut être le fait d'un ou de quelques individus isolés, en proie au délire paranoïaque de Sèvres ? Tout aussi grave, on apprend que des hommes d'affaires ont également reçu des menaces de ce genre. Faut-il y voir quelques règlements de comptes personnels, l'œuvre de la mafia qui chercherait à récupérer les actifs commerciaux arméniens à bas prix ? Y a-t-il, oui ou non, dans tout cela l'œuvre d'une organisation secrète, aux ramifications paraétatiques, baignant dans les eaux troubles de certaines structures de l'Etat profond ? Ces menaces sont-elles purement fantaisistes, proférées à la veille de l'été juste avant les congés scolaires, période propice aux mutations ?
La communauté arménienne de Turquie traverse des jours difficiles. Peu nombreux sont ceux qui pensent que les choses puissent s'améliorer rapidement. Pourtant, pour la première fois depuis longtemps, ils avaient cru que la situation allait s'améliorer, que les fondations pourraient récupérer une partie de leurs biens confisqués, que la discrimination dont ils avaient été injustement les victimes, allait s'estomper. Le Parlement avait voté une loi pour qu'ils puissent récupérer certains de leurs biens, mais il y eut le veto présidentiel. Les choses sont restées au point mort. Et puis, soudain, la situation s'est dégradée. Chacun regarde son voisin. S'il reste, je reste. S'il part ? Mais partir où ? On reste. Tout de même, on n'est pas obligé de faire ce qu'ils attendent de nous.

Le bouc émissaire classique
Mais comment en est-on arrivé là ? Pour certains, « tout a commencé après les obsèques de Hrant Dink » comme si cet élan de sympathie inattendue s'était ensuite retourné contre eux. On s'est servi de ces obsèques, qui eurent un si grand retentissement international, pour mieux s'en prendre ensuite aux Arméniens. Certes, ils reconnaissent tous avoir reçu les témoignages de sympathie attristée qui les ont touchés et avoir observé une profonde déférence pour le deuil dont la communauté était frappée. Certains se souviennent même combien les tracasseries habituelles et quotidiennes s'évanouirent quelque temps. N'empêche ! 100 000 personnes dans la rue pour un Arménien assassiné à Istanbul, ils n'en reviennent pas et cela paraît suspect. Quand on essaie d'argumenter que depuis la Seconde Guerre mondiale, les élans de solidarité se sont toujours traduits par des slogans comme « Nie wieder » ou comme « Nous sommes tous ceci ou cela... », ils restent sceptiques. Pour eux, les pancartes « Nous sommes tous Hrant Dink, nous sommes tous des Arméniens » restent de l'ordre de l'incompréhensible, un acte sinon mal intentionné, du moins irresponsable par rapport à la situation des Arméniens de Turquie. Cela n'était pas un cadeau, ou si c'en était un, il était empoisonné. Rationalisations forcées ou bonnes raisons ? Qui osera juger ? Qui saura faire la différence, avec ou sans contexte d'élocution, entre ce type de discours et celui tenu par le ou les auteurs de la lettre anonyme ?
Pour d'autres, « tout a commencé par l'assassinat de Hrant Dink ». Et la dégradation du climat, qui s'ensuivit, vaut pour l'ensemble du pays. On a tué Dink parce qu'il n'a pas voulu rester « à sa place ».
Il a saisi une occasion historique donnée, une fenêtre d'opportunité, pour transcender les limites du cadre communautaire et s'imposer, en tant qu'individu, en demandant à l'opinion publique turque de faire l'effort de se mettre à la place de l'autre. Il a fait bouger le curseur et commencé à faire tourner la roue de l'histoire. C'est pour cela qu'on l'a tué. C'était le premier avertissement lancé à tous ceux et celles qui veulent que la Turquie change. Maintenant on vit une période de reflux. Les Arméniens vivent des jours difficiles parce que c'est beaucoup plus facile de s'en prendre à eux, même s'ils sont la communauté non musulmane la plus importante. Personne ne songerait à assassiner deux Kurdes du calibre de Hrant Dink, parce qu'on ne sait pas jusqu'où les choses pourraient aller ensuite : une guerre civile ou l'implosion du pays ? Qui sait ? Mais un Arménien, c'est quoi ? La meilleure façon de faire monter le nationalisme dans ce pays reste de désigner les Arméniens à la vindicte publique. Les campagnes contre Hrant, les procès contre lui ont contribué à créer ce climat hystérique. Mais l'erreur serait de croire que les choses iraient très bien s'il n'y avait pas eu de Hrant Dink. « Car, nous les Arméniens, nous sommes très largement dépassés par ce débat qui oppose les Turcs entre eux, pour ou contre l'UE, pour ou contre la démocratie. C'est comme si nous étions au milieu d'un champ de tir et que ça tire de tous côtés. Les adversaires de toute ouverture jouent sur le fait que les Arméniens sont une minorité chrétienne, l'UE un club chrétien et crient au loup ».

La vie continue
Quelle que soit la conscience de la discordance entre la grandeur des rêves et la vanité à laquelle ils sont promis parce que des forces contraires ou hostiles les rendront dérisoires, la communauté arménienne de Turquie affronte le réel, avec courage et détermination. Qu'ont-ils fait de mal ? Rien ! Le Patriarche Mesrop II qui assume seul la fonction de Berger de la communauté l'a déclaré dans une interview au Spiegel en date du 1er juin : « Les Arméniens sont à nouveau seuls, aujourd'hui, dans la nouvelle épreuve qu'ils traversent ». Ce sont les mêmes propos qu'il a tenus lors d'une audience qu'il m'a accordée.
De fait, la communauté a demandé à la suite de ces lettres de menaces une protection renforcée devant ses principaux édifices. On lui a conseillé d'avoir recours à des services de sécurité privés. On apprend que la communauté juive a recours à de tels services depuis longtemps, au moins depuis les attentats commis contre deux synagogues à Istanbul en novembre 2003 par un mystérieux groupuscule islamiste turc probablement lié à al Qaïda. Mais pourquoi donc toutes les communautés menacées ne bénéficient-elles pas de la protection de l'Etat ? Pourquoi donc l'Etat n'assume-t-il pas son rôle, en particulier quand il ne fait que récolter ce qu'il a semé ? La vie continue tant bien que mal. Les excursions à l'extérieur des écoles ne sont pas annulées. La préparation des fêtes de fin d'année suit son cours avec les répétitions de théâtre et de danse. La communauté célèbre même quelques-unes de ses plus grandes figures ou institutions. En l'espace de quelques jours, ce fut d'abord la célébration des 80 ans du rédacteur en chef de Marmara, différée depuis le mois de janvier. Marmara, c'est le plus grand quotidien de langue arménienne d'Istanbul, la référence majeure pour tous les Arméniens du monde entier en matière d'information locale.

Marmara
Mais Robert Haddejian ne dirige pas seulement un grand journal, c'est un esthète, un écrivain prolifique qui maîtrise aujourd'hui sans doute le plus bel arménien occidental. Sous sa plume, à chaque instant, surgit la magie de l'écriture et ce miracle toujours renouvelé grâce à ces 38 petits soldats de plomb que représentent les lettres de l'alphabet arménien. Sous sa plume, oui, l'arménien vit, vibre et frémit et rappelle le nécessaire enracinement de la langue. Autre grand événement de la vie communautaire en ce mois de mai, l'Hôpital Sourp Prgitch célèbre ses 175 ans. Fondé en 1832, il est doté d'infrastructures et d'équipes médicales hautement performantes, au fait de toutes les technologies de pointe. Il remplit de fierté et de gloire la communauté car sa réputation s'étend à la Turquie tout entière. Pour commémorer l'événement, une fête champêtre était notamment organisée le dimanche 20 mai. Deux autocars en partance de Sisli conduisent les gens non motorisés dans les jardins de l'Hôpital, situé dans un lieu un peu excentré de la ville. Les cars sont bondés d'hommes, de femmes et d'enfants qui s'y rendent en famille. Dans la petite chapelle située dans l'enceinte de l'Hôpital, une messe est célébrée. La chorale chante merveilleusement, elle est composée de jeunes gens qui comme partout dans le monde se sont couchés tard la veille, un samedi soir, pour leurs études ou pour faire la fête. Il leur arrive de bailler, mais la prestation est excellente, et leurs aînés les félicitent d'une tape chaleureuse sur l'épaule. Après la cérémonie religieuse, la garden-party commence. Dans une grande convivialité, mais avec distinction et raffinement. Plaisirs des yeux, plaisirs des oreilles, plaisirs olfactifs et gustatifs. L'élégance morale qui répand son parfum de grande dignité. Des stands proposent diverses activités, depuis les trampolines et toboggans pour les plus jeunes, au jeu de flipper géant, en passant par la piste de danse hip-hop pour les adolescents.
Un accordéoniste pour les plus âgés, un orchestre pour tous. On chante même l'hymne de l'Hôpital. La qualité des mets proposés et offerts en différents endroits du jardin ne fait pas mentir la réputation de la cuisine des Arméniens d'Istanbul. Chacun ale loisir de flâner, de retrouver des amis. Tout le monde est là, comme pour les festivités données en l'honneur de Robert Haddejian.

Qui va guérir cette blessure ?
Retour en ville après cette bouffée d'oxygène. Certains amis ne parlent plus en arménien avec moi dans les lieux publics. D'autres au contraire continuent de parler l'arménien. D'autres encore ont décidé que nous ne parlerions plus que l'arménien. Je m'adapte sans poser de question. Ils m'en remercient d'un regard. Nous sommes assis à la terrasse d'une meyhane. Nous ne nous sommes pas vus depuis six mois. Chacun, chacune a plein de choses à dire. On commence à parler des élections, de l'ambiance électrique comme ils disent. «C'est toujours comme ça ici : tous les 5 ans, il se passe quelque chose ». Mais est-il si sûr qu'on soit encore dans ce scénario-là? La tension idéologique n'est-elle pas plus forte que lors de la crise de Chypre ? La fracture sociétale plus grande que jamais, l'atmosphère bien plus empoisonnée encore qu'en 1955 ? Et que se passerait-il si un fou jetait quelques pierres sur une échoppe arménienne ou grecque ou juive ? Si l'on ne peut totalement exclure une telle idée, les mentalités ont à ce point évolué qu'envisager une telle éventualité est devenu une idée insupportable et rend l'air irrespirable. « La seule chose bien, dit l'un d'entre eux pour détendre l'atmosphère, c'est que la Turquie a donné 12 points à l'Arménie lors du dernier jeu de l'Eurovision. L'année dernière, elle avait donné dix points, je ne croyais pas que cela se reproduirait cette année ». Un autre rebondit sur l'Europe : « Les Européens, ils nous aiment bien si on parle contre la Turquie. Ils ne veulent pas prendre le temps de nous écouter. Et après, de toute façon, ils se lavent les mains ». Une femme prend la parole, après avoir commandé du café pour lire dans nos tasses. « Une semaine avant le meurtre de Hrant Dink, j'ai fait un cauchemar, j'ai vu dans mon sommeil qu'il était assassiné ». (Plus personne n'a vraiment envie qu'elle lise dans notre marc de café) Elle n'a pas toujours partagé ses idées ou son style. Mais, ce soir, les larmes aux yeux, plus belle que jamais, elle s'adresse subitement à tous les gens assis aux différentes tables : «Tu m'as fait mal, quand tu l'as tué, parce que tu as porté la main sur ma communauté. Qui va guérir cette blessure maintenant ? Qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu portes la main sur moi, sur mon frère ?» Silence. On pleure. Un ton plus bas, on murmure aussi cette autre blessure : « 1 500 000 + 1, l'on n'a pas aimé ce slogan venu d'ailleurs ; ça fait mal ; ça nous fait très mal ». Plus tard, une femme vient se joindre à nous, intriguée par notre conversation bruyante. Elle raconte que sa sœur a épousé un Turc et qu'ils voudraient faire baptiser l'enfant, mais le Patriarcat refuse. Tous ensemble nous lui répondons : « Mais ce n'est vraiment pas le moment! Tu ne crois pas que c'est déjà assez compliqué comme cela ? »Tard dans la nuit, nous regagnons chacun, chacune nos pénates en empruntant divers dolmus, ces mini autobus comme on en trouve maintenant à Erevan.

Isabelle Kortian, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 132, Juillet-Août 2007


 

Sites de la communauté arménienne


 

Quelques églises apostoliques
Sourp Asdvadzadzin, Kumkapu
Entrée de la cathédrale Sourp Asdvadzadzin (Notre Dame) du Patriarcat à Kumkapu (Photo prise en 1990 par Yilmaz Dinc)
Sourp Asdvadzadzin, Beyoglu
Intérieur de la cathédrale Sourp Asdvadzadzin (Notre Dame) à Beyoglu (Photo en 1985)
Sourp Yerontoutioun
Autel de l’église Sourp Yerontoutioun (Sainte Trinité)
 
Sourp Nichan, Kartal
Eglise Sourp Nichan, à Kartal (Istanbul, côté Asie), bâtie en 1776, rebâtie au XIXe s; par Kaza Artin (Artine Amira Bezdjian), photo 1985, état actuel inconnu.
Saint-Grégoire l’Illuminateur, Césarée
Césarée (Kayseri actuellement), Eglise Saint-Grégoire l’Illuminateur, vue de l’autel vers la porte d’entrée (photo 1985)
Quarante Martyrs, Iskenderun
Eglise des Quarante Martyrs, à Alexandrette-Iskenderun (photo 1977)

Quelques églises catholiques
Anarad Hghoutioun, Samatia
Entrée de l’église Anarad Hghoutioun à Samatia (photo 1985)
Saint-Paul, Büyükdere
Eglise Saint-Paul, Büyükdere (photo 1990)
Saint-Grégoire l’Illuminateur, Ortaköy
Eglise Saint-Grégoire l’Illuminateur, Ortaköy (photo 1985)
 

Tombe du poète Matéos Zarifian
Tombe du poète Matéos Zarifian, au Cimetière arménien de Baglarbagche (photo 1985)

Cimetière arménien de Chichli
Cimetière arménien de Chichli, Istanbul ; en premier plan à gauche, les caveaux des Patriarches de Constantinople (photo 2006)
 
Pour en savoir plus sur les églises arméniennes de Turquie
Armenian Churches of Istanbul, de Pars TUGLACI
Préface Mg. Shnork KALUSTIAN, Patriarche des Arméniens de Turquie
Istanbul, 1991, 552 pages, 33,5 x 25 cm - ISBN : 975-7423-00-9
(Textes en turc, anglais et arménien)
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La presse arménienne en Turquie

par Gulten KISANAK , journal Ozgur Politika du 7 août 2000
pour l'ACAM, traduit du turc

La presse arménienne n'abandonne pas
En dépit d'une émigration et d'une assimilation à grande échelle, la presse arménienne à Istanbul se bat pour son maintien. Les journaux en langue arménienne "Jamanak" et "Nor Marmara", édités à Istanbul depuis de nombreuses années, poursuivent leurs activités en dépit des difficultés de distribution, d'un faible lectorat, et de la difficulté à trouver du personnel parlant bien arménien. Récemment, l'hebdomadaire "Agos", imprimé en turc et arménien, a apporté une nouvelle vitalité à la communauté depuis qu'il a commencé sa publication en 1996. La presse arménienne joue un rôle important en préservant les valeurs culturelles, en faisant un lien au sein communauté, et en favorisant l'intérêt pour les établissements de communauté.

Marmara
Le journal "Marmara"
Sourp Prguitch
Le mensuel"Sourp Prguitch", revue de l'Hôpital Sourp Prguitch
Sourp Prguitch
L'édito de "Sourp Prguitch"

Essentiels à la diversité culturelle
"Agos" est distribué dans les quartiers d'Istanbul à population arménienne, tels que Kurtulus, Nisantasi, Pangalti, Bakirkoy, et Kumkapi, et en été sur les Iles des Princes, en particulier Kinali Ada. Le rédacteur en chef Robert Haddeler annonce que la distribution du journal à Istanbul est d'environ 1 700 exemplaires, et qu'il y a également des lecteurs à l'étranger. Notant qu'une grande partie des Arméniens ne parle pas bien leur langue, y compris la grande majorité des jeunes qui fréquentent les écoles arméniennes, Haddeler pronostique que "Si le niveau d'instruction en arménien était plus élevé, notre tirage serait d'autant plus important. "
Le journal, qui a du mal à trouver des personnes capables de rédiger des articles en arménien, a également des problèmes s'assurre des rectets publicitaires. Robert Haddeler se plaint également que son journal n'est pas invité quand le président et le premier ministre voyagent : "Quand des événements politiques ou sociaux impliquent la Turquie et l'Arménie, alors ils nous invitent. Mais autrement nous sommes ignorés du protocole. "
Partant du principe qu'être un "bon Arménien" n'empêche personne d'être un "bon citoyen Turc", Haddeler déclare qu "Aujiourd'hui nous désiron sprendre notre place dans la mosaïque culturelle de la Turquie, qui prend toute sa valeur. Cette mosaïque culturelle doit être développée, avec toute sa richesse. Elle est tout bénéfice."

"Jamanak", un siècle de publication
Le journal "Jamanak", le plus ancien des journaux de communautés minoritaires, est publié sans interruption depuis le 28 Octobre 1908, et a été le témoin des grands événements
Ce journal de quatre pages, publié par Ara Kochunyan, est rédigé par une équipe de dix personne. Comme pour tous les autres journaux de minorités, son plus grand problème vient de l'absence d'un bon système de distribution. Les grandes entreprises de messagerie sont trop chères pour leurs moyens financiers.
Quand "Jamanak" a commencé sa publication, il était distribué par tout le pays, c'est-à-dire toute l'Anatolie. Aujourd'hui on ne le trouve qu'à Istanbul, et encore seulement dans des quartiers habités par des Arméniens.
Ara Kochunyan dit que les ventes s'élèvent à environ 1 500 exemplaires, comparés aux 16 000 exemplaires des débuts. La distribution atteignait même l'Extrême Orient.
Insistant sur le fait qu'ils veulent continuer à publier en langue arménienne, il se plaint d'avoir du mal à trouver des rédacteurs capables de rédiger un arménien correct.

"Agos" : un rêve devenu réalité
Le déclin régulier du lectorat arménien a obligé la presse à suivre une nouvelle approche.
Et de fait le premier exemplaire de l'hebdomadaire "Agos", publié en turc et en arménien, est sorti le 5 avril 1996. Les remarques suivantes, faites lors d'un cocktail donné pour célébrer le lancement du journal, expliquent très bien la signification d "Agos" auprès de la communauté arménienne : "Un jour, nous parlions entre nous de nos rêves. Et un jour ils ont cessé d'être des rêves et ont lentement commencé à prendre forme. Nous avons donné le nom "Agos" à ce projet. "Agos" signifie le sillon creusé par une charrue. C'est là que l'eau s'écoule, que poussent les graines, là où s'exprime la fertilité du champ. Nous avons beaucoup aimé ce nom. "
Et pour la première fois des Arméniens vivant à Istanbul ont commencé à lire un journal publié en turc. Cette décision a été prise en espérant faciliter la communication à l'intérieur même de la communauté arménienne, et permettrait également de toucher un lectorat turc. Aujourd'hui, le tirage d' `Agos' atteint presque 5 000 exemplaires, dont 3 500 vendus sur Istanbul. "Agos", comme les autres journaux arméniens, gère sa propre distribution.
Le rédacteur des informations Sevan Ataoglu dit que le journal est préparé par une équipe de 13 personnes, secondées par des jeunes l'été, et qu'un grand nombre de personnes envoient articles et informations de l'étranger: "Un grand nombre d'articles et d'informations viennent de la diaspora. Mais nous souhaitons que le journal concerne plus les Arméniens d'Istanbul. Quels sont les problèmes du pays ? En quoi nous affectent-ils ? Nous nous intéressons à cela." Ataoglu ajoute également "Si le dialogue se développe entre l'Arménie et la Turquie, `Agos' y aura joué un grand rôle."

Maintenant je lis `Agos'
"Agos" joue également un rôle de centre d'information à propos de la communauté arménienne. De nombreuses personnes, en particulier des medias, s'adressent à "Agos" pour des informations et des documents photographiques concernant les Arméniens. Et le rédacteur en chef Hrant Dink est très fréquemment sollicité pour des questions concernant les Arméniens.
Sarkis Seropyan, responsable des pages en arménien, se plaint que les jeunes ne savent pas l'arménien. Il explique que le journal a commencé avec 2 pages en arménien, et qu'une section pour enfants a été créée l'année dernière :
"Quatre-vingt-dix pour cent de nos lecteurs parlent turc. Seuls dix pour cent lisent les pages en arménien. Pour cette raison nous avons l'intention d'augmenter notre pagination en arménien. En général ce sont les personnes âgées qui lisent les pages en arménien, mais nous espérons y attirer un lectorat plus jeune. Je ne sais pas si nous avons réussi, mais cela a été utile au moins à une personne: Un de nos lecteurs qui ne connaissait pas l'arménien appela un ami à Adana, et se mit à lui parler en arménien. Quand son interlocuteur lui demanda où il avait appris l'arménien, il répondit que "Maintenant je lis Agos" Evidemment, l'histoire nous a fait grand plaisir..'

Détails sur les journaux

AGOS
Agos --- Cliquer pour agrandir   Hebdomadaire,grand public
Langue : turc, arménien
Fondé en 1940, Propriétaire Agos YayincilikHismetleri San. et Tic Ltd Sti., Directeur de la publication Diran Bakar, Rédacteur en chef Hrant Dink
Adresse : Imprimerie Dünya Yayincilik A.S., Halaskargazi Cad. Sebat Apt. No. 193, 3e étage, , Pangalti 80220 Istanbul
Prix du numéro 1 250 000 L.T., Abonnement, Europe : 6 mois 70 $, un an 140 $
Tel. + 90-212-296 23 64, 90-212-231 56 94, 90-212-219 50 82, Fax 90-212-247 55 19
email, rédaction : yayin@agos.com.tr, agence : haber@agos.com.tr, publicité : tcortan@agos.com.tr, URL www.agos.com.tr
ISSN 1303-0388

JAMANAK
Jamanak --- Cliquer pour agrandir   Quotidien, populaire
Langue : arménien
Fondé en 1908, les Frères Missak et Sarkis Koçunian, Propriétaire Sarkis Koçunian, Directeur de la publication Nadia Koçunian
Adresse : Imprimerie Jamanak, Istiklal Cad. Pistacilar Sok. No. 14, P.K. 22, Beyoglu - Istanbul Prix du numéro 250 000 L.T.
Tel. + 90-212-243 56 39, Fax 90-212-243 31 96, Le soir 90-216-338 57 09

MARMARA
Quotidien, grand public
Langue : arménien
Fondé en 1940, Fondateur Souren Chamlian, Propriétaire R. Haddedjian, Directeur de la publication Ari Haddedjian
Adresse : Solakzade Sok. No. 5, P.K. 507, Beyoglu - Istanbul
Prix du numéro 350 000 L.T.
Tel. + 90-212-244 47 36, 90-212-249 19 89, Fax 90-212-249 81 65
email : info@normarmara.com ; URL www.normarmara.com

PAROS ( Փարոս = Phare )
Paros --- Cliquer pour agrandir   Mensuel, art et culture
Langue : Turc
Adresse : Istiklar Cad. Tokatliyan Ishani, N° 76, ét. 4/1, Beyoglu/Istanbul (Turquie)
Directeur de la publication : Mayda Saris
Rédacteur en chef : Talin Etyemez
Conseiller juridique et financier : Burak Balikçioglu
Relation publique et publicité : Elena Eldek Çadircioglu
Redacteurs : Alin Tasciyan, Aris Nalci, Arsen Yarman, Bercuhi Berberian, …
Graphiste : Figen Satici :
Prix d'abonnement : 6 mois 55 €, 12 Mois 110 €
Tél. : 90 (212) 245 61 06
Télécopie : 90 (212) 249 42 23
Portables : 90 544 208 76 99, 90 544 208 79 67, 90 544 208 18 02
Site : www.paros.com.tr
Courriel : info@paros.com.tr
ISSN : 2146-6149
Imprimerie : Imaj Matbaacilik Hisletleri, Sisli/Istanbul

Un souffle d'air frais : les Editions Aras
Le déclin progressif au sein de la communauté du nombre de locuteurs arméniens a rendu nécessaire de nouvelles approches. Le désir de ne pas s'isoler au sein de sa propre communauté et de ne pas s'isoler encore a également joué un grand rôle. Il était nécessaire de briser ces liens. C'est ainsi que, grâce aux efforts de Migirdich Margosyan et d'un groupe de ses amis, la maison d'édition d'Aras a été fondée en 1993. La maison d'édition s'est lancée sur l'idée de présenter la littérature arménienne aux lecteurs turcs, et en même temps de traduire les textes arméniens en langue turque afin de s'adresser aux Arméniens qui ne connaissent pas leur langue héréditaire. Une dépliant diffusé par la maison d'édition indique que la maison d'éditions se fonde sur l'idée d'une meilleure compréhension entre personnes de cultures différentes vivant dans la même aire géographique, par l'intermédiaire de la littérature.
Le premier ouvrage édité "Gavur Mahallesi" ("Le Quartier des Infidèles") fut l'objet de plus d'attention qu'espéré, et atteignit 8 rééditions.
Migirdich Margosyan, né dans le quartier Hanchepek de Diyarbakir, dit "J'ai rendu compte dans mes écrits de ce qu'était la vie là-bas, mes souvenirs et mes expériences."
A ce jour, la maison d'édition a diffusé 15 livres turcs et 14 livres arméniens, parmi lesquels le roman de Zaven Biberyan "Babam Askaleye Gitmedi" (`Mon père n'est pas allé à Askale') a attiré de nombreux lecteurs. Le roman, qui fait le portait de la communauté arménienne d'Istanbul des années 1940 et 1950 vue comme une seule famille, rend compte de l'impact des événements politiques sur les communautés.

Les livres en turc se vendent mieux
Mme Payline Tomasyan, une des administrateurs de la maison d'édition, note que leur plus récente publication est "Yalnizlar"' ("Les Isolés"). Nous avons reçu beaucoup d'attention des lecteurs. La langue turque est d'un usage prépondérant dans notre communauté. Il en résulte que nos livres en turc se vendent mieux."
L'argent gagné avec les livres en turc permet d'éditer les ouvrages en arménien, et Mme Tomasyan ajoute:
"Nous oeuvrons au maintien de notre culture. Nous sommes le reflet de la richesse culturelle de l'Anatolie. Nous voulons mettre en lumière des ouvrages jusqu'ici négligés. Nous incluons également un glossaire très complet dans nos livres en arménien pour donner aux étudiants de tirer le meilleur profit de leur langue maternelle."
Mme Tomasyan remarque qu'ils ont de grandes difficultés à traduire de l'arménien vers le turc :"Seul un très petit nombre de personnes maîtrise correctement et l'arménien et le turc. Nous devions apporter énormément de corrections aux traductions reçues. Finalement, nous avons décidé de faire le travail nous-mêmes."
Mme Tomasyan, maintenant à la retraite après 22 années d'enseignement en écoles arméniennes, porte ses efforts vers la littérature enfantine. "La langue des livres utilisés dans les écoles est trop difficile", dit-elle, "et la maison d'éditions a publié ces dernières années un livres de contes, deux agréables recueils de textes, et un livre de jeux de mots et de devinettes". Elle conclut : "Notre inquiétude : jusqu'à quand notre langue survivra-t-elle?."

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Editions ARAS PUBLISHING
  • Site internet : www.arasyayincilik.com
  • Mail : info@arasyayincilik.com
  • Direction :
  • Adresse : Istiklal Caddesi Hindliyal Palas No 465/Z Tünel, Beyoglu - Istanbul (Turquie)
  • Téléphone : (en Turquie) + 90 (0)-212 - 252 65 18, 243 06 02
  • Fax : (en Turquie) + 90 (0)-212 - 252 65 19
  • ISBN : 975-7265
  • Jours et heures d'ouverture : -
  • Fermeture annuelle : -
  • Date de création : 1993
  • Spécialités : 75 titres en turc, 25 titres en arméniens, et notamment, éditions des version en turc de : un livre de Ch. Aznavour, un livre d'Armand Tchouhadjian, Histoire de l'Arménie de René Grousset (signaler dans la page de ce livre dans notre Bibliographie) ISBN 975-7265-68-3, livre d'Aram Andonian 975-7265-21-7 (signaler), un livre de Lévon Zekian, un livre de Jean Kéhayan : "Apatrie" (signaler) , 5 titres de W. Saroyan traduits de l'anglais et plusieurs textes de la littérature arménienne.
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