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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Reconnaissance du génocide

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Lire sur ce lien le Compte rendu analytique des débats à l'Assemblée Nationale

Lire sur ce lien la promulgation de la loi au Journal Officiel


Le Parlement français reconnaît le génocide arménien de 1915

PARIS, 18 janvier 2001 (AFP) - Le Parlement français a reconnu publiquement jeudi, par un ultime vote unanime de l'Assemblée nationale, le génocide arménien de 1915, malgré les réserves du gouvernement français et la menace de crise avec la Turquie.

La Turquie a d'ailleurs immédiatement rappelé son ambassadeur en France pour "consultations", et dénoncé ce qu'elle estime une grave atteinte aux relations bilatérales.

Les députés présents dans l'hémicycle, au nombre d'une cinquantaine, ont salué le vote par des applaudissements, debout, comme les nombreux membres de la communauté arménienne de France, massés dans les tribunes du public qui se sont déclarés "émus, heureux et fiers à la fois".

L'ambassadeur d'Arménie en France, Edouard Nalbandian, et l'archevêque des Arméniens de France, Mgr Kude Nakachian, assistaient au débat.

La proposition de loi affirme que "la France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915", sans d'ailleurs en désigner explicitement les Turcs comme responsables.

Le ministre des Relations avec le Parlement, Jean-Jack Queyranne, a reconnu que cet "acte solennel" du Parlement français répondait "à une exigence de vérité et de justice".

Mais il a aussi rappelé les "réserves" du gouvernement et tenté d'apaiser la colère de la Turquie: la France est "l'amie de la Turquie moderne", comme elle est "l'amie de l'Arménie", a-t-il dit.

A l'instar de M. Queyranne, la plupart des députés ont repris la distinction entre l'Empire ottoman, auteur des massacres organisés de 1915, et la Turquie d'aujourd'hui.

"En aucun cas, en votant un tel texte, on ne condamne ce pays qui frappe à la porte de l'Union européenne", a estimé le rapporteur du texte, le député centriste François Rochebloine. "Bien au contraire, on lui trace la voie de l'ouverture vers le respect des droits de l'Homme et l'établissement de relations confiantes avec ses voisins", a-t-il ajouté.

Plusieurs députés ont toutefois évoqué leur inquiétude, voire leur opposition à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, en raison notamment de "garanties insuffisantes" sur le fonctionnement démocratique du pays.

Le vote des députés vient clore un long marathon parlementaire, commencé en mai 1998 avec la première adoption du texte par les députés, à l'initiative des socialistes.

La communauté arménienne de France (entre 350.000 et 500.000 personnes) n'avait pas mesuré ses efforts pour parvenir à cette reconnaissance. Ses représentants se sont dits "émus, heureux et fiers à la fois". Ils ont souhaité une reconnaissance semblable de la part des Etats-Unis, et appelé la Turquie à "ouvrir le dialogue avec la nation arménienne".

Les massacres et déportations d'Arméniens perpétrés par les Turcs sous l'Empire ottoman, de 1915 à 1917, ont fait 1,5 million de morts, selon les Arméniens, entre 250.000 et 500.000, selon les Turcs qui rejettent catégoriquement la thèse d'un génocide et font valoir qu'il s'agissait d'une répression dans un contexte de guerre civile, dans un empire Ottaman sur le déclin.

Lors du débat, seuls deux députés de droite ont publiquement manifesté leur hostilité au texte, soulignant qu'il "attiserait les rancunes".

"Cette démarche à la constitutionnalité douteuse a le goût amer d'un électoralisme coupable par lequel on tente de capter certaines voix en privilégiant leur origine au mépris le plus total du principe de l'unité de la République", a affirmé le député Jacques Myard (RPF, droite).


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