Liste des peintres    Sommaire Arménie    Accueil
Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

CHAHINE, Edgar
1874-1947

ligne

Chahine était le plus connu des peintres arméniens vivant en France au début du siècle. Il naît à Vienne, en Autriche. Il commence ses études à Constantinople où son père est un des directeurs de la banque ottomane. Il a pour professeur le peintre Milkon Tiratzuyan qui lui conseille de poursuivre sa formation artistique en Italie. En 1892, il est élève à Venise du collège Moorat-Raphael tenu par les Pères Mékhitaristes, et il suit dans le même temps les cours du peintre Antonio Paoletti et du sculpteur Antonio del Zotto à L'Académie des beaux-arts, puis vient à Paris à l'académie Julian. Il débuta dans la technique du pastel puis passa à l'eau-forte. En 1900 à Paris et en 1903 à Venise il obtint une médaille d'or aux expositions internationales.

Sa célèbre eau-forte le "Sans-travail" nous dévoile les traits caractéristiques de son art: humanisme, vision originale, précision et expressivité des lignes. Le chômeur marchant contre le vent, marche contre les difficultés de la vie.

Ses eaux-fortes consacrées à la construction du métro parisien et ses scènes de fêtes populaires se distinguent par leur dynamisme engendré par les contrastes des blancs et des noirs.

Le portrait, genre préféré de l'artiste, se caractérise par la virtuosité du dessin et la compréhension du monde intérieur du modèle ("Jhemma", "Lily", "Louise France").

Ses paysages urbains sont pleins de poésie. Le critique d'art Camille Mauclair disait de sa série vénitienne : "A Venise Chahine a gagné le prix d'originalité. II nous a montré qu'il était capable de voir ce que les autres ne remarquent pas."

L'artiste s'adressait souvent au thème arménien et entretenait des relations étroites avec sa patrie ancestrale à qui il offrit ses meilleures oeuvres. En 1928, il fut élu membre honoraire de l'Union des Artistes d'Arménie. De 1990 à 2002, un musée Chahine fut ouvert dans la petite ville normande de Crouttes-Vimoutiers (Orne), grâce aux efforts de Pierre, le fils du peintre.

Pour voir une image agrandie, cliquer sur la miniature
(documents transmis par les éditions BVR, qui ont publié un ouvrage à son sujet : [Lien ici] )

Chahine --- Cliquer pour agrandir
Au casino (1899)
Chahine --- Cliquer pour agrandir
Un chemineau (1899)
Chahine --- Cliquer pour agrandir
Le boa de plumes (1902)
Chahine --- Cliquer pour agrandir
Les singes (1908)
Chahine --- Cliquer pour agrandir
Villers (1931)
Chahine --- Cliquer pour agrandir
Un acrobate
Chahine --- Cliquer pour agrandir
La promenade au Bois de Boulogne
Chahine --- Cliquer pour agrandir
Matinée d’hiver


Chahine et Tchobanian

Le destin fit qu'Edgar Chahine se fixa à Paris dès 1895, pour y consacrer toutes ses forces créatrices à l'art. Devenu un aquafortiste éminent et le champion de la peinture parisienne, il ne renia jamais, bien au contraire, ses origines arméniennes.
C'est dans la peinture qu'Edgar Chahine fit ses premiers pas, avant de se consacrer définitivement à l'eau-forte et d'atteindre dans cet art la perfection, en léguant de merveilleux chefs-d'oeuvre au patrimoine artistique.
Appréciant toute l'originalité du style de Chahine, Anatole France et Octave Mirbeau lui confièrent l'illustration de certaines de leurs oeuvres.
Le grand talent pictural d'Edgar Chahine ne passa pas inaperçu pour ses compatriotes. Dans une de ses lettres datant de 1911, Daniel Varoujan écrivait: "L'illustration d'Edgar Chahjne est des plus réussies. C'est une chance de pouvoir publier un croquis de Chahine."
Archag Tchobanian, cette figure proéminente de notre culture nationale, fut un des premiers représentants de la communauté arménienne de Paris à apprécier et encourager le peintre.
Un demi-siècle durant Edgar Chahine devait rester l'ami sincère et fidèle de Tchobanian.
La dédicace, que Chahine écrivit sur une des gravures offerte à son ami) permet d'apprécier le rôle de Tchobanian dans la vie du peintre: "A Archag Tchobanian... au poète... au combattant, à mon meilleur ami, qui sut si bien m'encourager."
Et, vraiment, dès les premiers pas créateurs du peintre-graveur, Tchobanian devint son conseiller et son partisan chaleureux, son admirateur et son aide spirituel. Chahine le lui rendit avec un attachement d'une fraternelle spontanéité.
En été 1914, Komitas était à Paris. Tchobanian lui présente Chahine. Ensemble ils passent de "merveilleuses soirées", et le peintre, hésitant, demande au maître "de chanter un petit cantique pour lui et ses futures oeuvres."

La correspondance de Chahine nous révèle d'autres rencontres intéressantes. A Venise il fait la connaissance de Ghévond Alichan et, des années plus tard, à Paris, celle de Souréniantz et de Sarian.
Les années passaient... La galerie des personnages parisiens d'Edgar Chahine se complétait de nouveaux chefs-d'oeuvre, toujours vivants, fussent-ils en couleurs ou en noir.
Voilà "La Mendiante", "Les Vendeuses aux paniers" et "Les Commères", "Le Malade" et "Les Chômeurs", "Le Chiffonnier" et "La Gigolette", "Le Mendiant" et "La Grand-mère", tristes représentants des bas-fonds de Paris. "Louise France" était la reine de ce monde misérable miné par la douleur et la souffrance, le besoin et la misère. Ancienne actrice renommée, qui noyait sa déception et sa douleur dans la boisson, cette femme forte et éternelle comme la vie, semblait peser dans ses paumes la lie de l'existence.
Durant toutes ces années, Tchobanian ne perdit jamais de vue son ami, se réjouissant de ses succès. Dans son recueil "Visages" qu'il publia en 1929, à Paris, parmi des articles consacrés à d'éminents intellectuels arméniens, l'écrivain consacra un chapitre à l'art de Chahine.
Les lettres et les rares dessins d'Edgar Chahine conservés dans les archives de Tchobanian, sont des reliques qui attestent la grande amitié unissant les deux intellectuels arméniens.

Melania Eghizarian, 1985


  Liste des peintres    Sommaire Arménie    Accueil