Commniqué de presse et Biographie de MardikianBD, Angoulême et le mont Ararat dont l arche de Noé et les neiges éternelles constituent le plus bel horizon d Erevan, capitale de l Arménie, voilà qui résume au mieux Jean Mardikian. Sans lui, Angoulême ne serait pas devenue la ville BD par excellence. Sans lui, Erevan n aurait jamais lancé un festival de la BD. Fils de travailleurs arméniens arrivés en France à la suite du génocide, Jean Mardikian s installe en Charente. Journaliste agricole, il est élu au conseil municipal d Angoulême où, plusieurs fois adjoint à la culture, son esprit de consensus inspire les décideurs de la ville et du département à promouvoir un identité forte puis un secteur d activité original autour de la BD et de l image. Au XVIe siècle Angoulême dédaigna l université que lui proposait François 1er ; la floraison actuelle d écoles autour de l image numérique corrige cette erreur historique. C est aussi cela, l effet BD. « Comme dans un scénario bien construit, sur ses vieux jours, l Arménien de seconde génération rapproche Erevan d Angoulême. Dorénavant, des remparts du fameux « balcon du Sud Ouest » on devine une arche de Noé dans laquelle auraient pris place Jolly Jumper, le Marsupilami, le Fourreux de Pélisse et le malin Milou » (Comité de lecture du Croît vif) L idée et la réalisation de cette biographie sont de Michèle Armanet. Auteure de nombreux romans, de pièces de théâtre et d albums jeunesse, elle réussit là un beau portrait, fait de sensibilité et de précison pour son parcours.
Extrait
Origines., enfance, jeunesse
Pourquoi un ingénieur diplômé de l'École supérieure d'Agriculture de Purpan (l'ESAP), à Toulouse, s'est-il lancé dans une aventure politique et surtout dans une aventure culturelle des plus étonnantes ? Comment l'organisation d'une simple quinzaine de la lecture Pa-t-elle conduit à la réalisation du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême qui, très vite, plaça la ville sous les projecteurs internationaux ? Ces questions furent à l'origine de mon engouement pour le personnage énigmatique et fascinant qu'est Jean Mardikian...
Rencontre
«J'ai rencontré un grand Monsieur, Jean Mardikian !» me confia mon fils, Renaud, jeune réalisateur à Angoulême...
De ce jour, mon imagination alla bon train. Mon esprit esquissait à grands traits l'arrondi d'un visage, profilait une silhouette qui tentait de s'imposer. Je résistais avec ténacité, chassant cet embryon d'image pour garder l'effet de surprise que serait cette rencontre. Pour moi, c'était une évidence, elle se ferait assurément, un jour...
Elle se fit...
Le 1er janvier 2011, alors que nous nous trouvions, mon mari et moi, à Angoulême, Renaud nous dit : «Je vais vous présenter Monsieur Jean Mardikian. Flavie et moi l'avons invité à boire une coupe de Champagne à midi.» Nous étions tous ravis et impatients de rencontrer le personnage, figure emblématique d'Angoulême, cofondateur du Festival international de la bande dessinée.
On frappa à la porte... Ému par la situation et le plaisir de le recevoir, Renaud ouvrit. Je vis alors apparaître un homme coiffé d'une casquette, vêtu d'un costume sobre, cravaté de beige, tenant dans sa main deux roses thé. Dès son entrée dans la pièce, il se découvrit devant Flavie et moi, et tendit à chacune une fleur. Je fus très sensible à cette attention, un geste courtois et d'autant plus désuet qu'il est oublié dans notre société actuelle.
Des yeux sombres brillaient derrière les verres de ses lunettes. Un sourire se dessina, avantageux, étiré jusqu'aux oreilles, sur un visage rond et paternel. Il posa un regard délicat sur chacun de nous. Son discours ne tarda pas à nous tenir en haleine. Nous aurions pu rester des heures à savourer ses paroles... De temps à autre, comme si nous étions de dociles écoliers à l'écoute du maître, nous lui posions des questions auxquelles il répondait gentiment. Il parlait avec sérénité. Un fleuve de paroles au langage structuré coulait, nous embarquait dans des propos qui nous subjuguaient parce qu'ils étaient ceux d'un sage.