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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Gilles GRIVAUD

L'auteur

 
Professeur des universités (histoire médiévale)

Ancien membre de l’École française d’Athènes ; doctorat de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, Pour une histoire des villages désertés à Chypre (fin XIIe-fin XIXe siècle), 1994 ; habilitation à diriger des recherches, université Paris I : Grecs et Francs dans le royaume de Chypre (1191-1474) : les voies de l’acculturation, 2001.

Directeur du département d’histoire (25 mai 2012-25 mai 2014) de l'Université de Rouen

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Livre numéro 2049
Gilles GRIVAUD --- Cliquer pour agrandir Les conversions à l'islam en Asie mineure et dans les Balkans aux époques seldjoukide et ottomane : bibliographie raisonnée, 1800-2000
Titre : Les conversions à l'islam en Asie mineure et dans les Balkans aux époques seldjoukide et ottomane : bibliographie raisonnée, 1800-2000 / auteur(s) :sous la direction de Gilles Grivaud et Alexandre Popovic
Editeur : Athènes : École française d Athènes ; [diff.] de Boccard
Année : 2011
Imprimeur/Fabricant : impr. en Belgique
Description : 1 vol. (VI-904 p.) : cartes, couv. ill. en coul. ; 24 cm
Collection : Mondes méditerranéens et balkaniques, ISSN 1792-0752 ; 3
Notes : Bibliogr. p. 891-895. Glossaire. Index
Autres auteurs : Gilles GRIVAUD [directeur] - Claire MOURADIAN [contribution] -
Sujets : Convertis à l'islam -- Asie mineure -- Bibliographie critique
ISBN : 9782869582330
Bibliothèques : Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 80,00 euros
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

Article de Jules Mardirossian, France-Arménie, numéro 409, Juin 2014

Une œuvre monumentale synthétisant de manière « raisonnée » 821 titres (livres, articles, documents,... rédigés par plus de 250 auteurs, entre 1800 et 2000) qui traitent de la conversion à l'islam d'une partie importante des populations chrétiennes d'Asie Mineure et des Balkans. Le talon d'Achille de cet ouvrage est la partie arménienne qui comprend seulement 5 titres, alors que la moyenne par pays est de 82 titres. Si « la violence, la contrainte sociale, les périodes de franches intolérances et prosélytisme musclé » sont les évènements essentiels à prendre en compte, il est aussi nécessaire de saisir les conversions à travers les « contradictions internes aux sociétés dominées [...], les capacités fluctuantes des sociétés musulmanes à ouvrir leur rang aux convertis [...], l'affaiblissement des structures ecclésiales chrétiennes [...] et l'attraction des institutions religieuses musulmanes ». Rappelons enfin l'existence de règles draconiennes auxquelles étaient soumis les chrétiens dans leur vie quotidienne, ceci indépendamment du devirme-s (ramassage des garçons chrétiens destinés à servir l'armée, l'administration ou le palais du sultan, après avoir été islamisés et turcisés : janissaires).

Ces 821 titres sont répartis de la manière suivante :
- Empire ottoman : 117 titres
- Grèce et populations grécophones d'Asie Mineure : 153 titres
- Populations arménophones d'Asie Mineure : 5 titres
- Bulgarie : 86 titres
- Macédoine ex-Yougoslavie/Arym : 43 titres
- Serbie, Monténégro, Croatie : 33 titres
- Bosnie- Herzégovine : 202 titres
- Albanie et population albanophone d'ex-Yougoslavie : 84 titres
- Hongrie (domination ottomane sur une partie du territoire) 3 titres
- Population juive et dönme-s (nouveaux convertis) : 95 titres
Globalement, les écrits issus des auteurs musulmans avaient tendance à atténuer ou nier la violence des conversions, alors que ceux issus des chrétiens dominés insistaient sur l'aspect coercitif de l'islamisation. L'inégalité devant la loi, entre musulmans et chrétiens, générait des comportements contraignants et brutaux de la part des Turcs d'origine, mais aussi de la part de nombreux renégats convertis. Par contre, même convertis, ils devenaient en réalité cryptochrétiens, soit chrétiens cachés. « Du fait de leur infériorité numérique et de leur incompétence à administrer les territoires conquis, les Turcs durent toujours s'appuyer sur les races soumises L..]. Il est erroné de considérer les habitants actuels de l'Asie Mineure comme des descendants des conquérants turcs, car le noyau du peuplement anatolien est demeuré immuable. » Les élites chrétiennes se sont assez souvent converties rapidement afin de conserver la jouissance de leurs biens. Cela a contribué à jeter le désarroi dans les classes populaires. « Dans les Balkans, la conquête ottomane se réalise plus rapidement qu'en Asie Mineure ».


Pour terminer, nous traiterons seulement les « populations arménophones d'Asie Mineure » à travers l'introduction de ce chapitre par l'historienne Claire Mouradian, et quelques éléments des 5 notices : "le passage à l'islam du groupe n'est reconnu que comme conversion forcée [...]. Pour l'historiographie turque [...] l'idée de conversion forcée est contestable ou relativisée Les sources [...] de la 1ère vague d'islamisation sont quasi inexistantes, en raison de la destruction des monastères [...] ; une histoire de la conversion à l'islam des Arméniens qui reste à écrire". Notice Cl (Sarkis Haykouni) : Ghourou Foglu, mollah au prosélytisme ravageur est chassé, après quelques années, du grand village de Thorosli. Il revient avec une populace fanatisée et des troupes de janissaires ; le prêtre et une partie des paroissiens sont battus à mort et les survivants se convertissent sous la terreur. Une centaine de villages des alentours subit le même sort. Haykouni écrit aussi sur le cryptochristianisme des femmes. Notice C2 (Vard Dashian) : l'islamisation est caractérisée comme une conversion forcée par la terreur, à laquelle contribue le zèle prosélyte des récents convertis lazes et grecs, dont les mollahs sont aussi fanatiques que l'ancien clergé grec voulant convertir les Arméniens à l'orthodoxie. Suite à des rumeurs de révoltes, l'armée intervient et parachève l'islamisation. Dashian s'intéresse au cryptochristianisme : la femme arménienne musulmane a mieux conservé son dialecte et ses habitudes chrétiennes. Notice C3 (Lévon Khatchikian) : analyse les sources arméniennes sur Hamchen et s'intéresse au cryptochristianisme, surtout au niveau de la préservation de la langue. Notice C4 (Garabed Amadouni) : "Arméniens turcisés et kurdifiés au cours des siècles" : conversions forcées, devsirme, fanatisme persécuteur, discriminations, fiscalité, avantage aux convertis, fausses accusations, conversions forcées de village, étude sur les Arméniens Hamchen.

Du XIe s. au Génocide de 1915, c'est l'islamisation forcée qui change la démographie de l'Empire ottoman. "Alors que les Arméniens constituaient 90% de la population à l'aube de la conquête, ils n'étaient plus, au début du XXe s. que 30% par suite des conversions, des massacres ou des migrations pour fuir les persécutions". Notice 5 (Rüdiger Benninghaus) : enquête ethnographique et article de synthèse consacrés aux Hamchenetsi-s musulmans arménophones de la région pontique, d'après les sources turques et occidentales.

Jules Mardirossian, France-Arménie, numéro 409, Juin 2014


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