Nous citons ici la Préface.
"Ce livre est la cinquième édition d'un ouvrage publié pour la première fois en 1922 et repris après mise à jour par l'auteur en 1925, 1933 et 1955. Seule la bibliographie en a été complétée, car le père Raymond Janin n'a pu cette fois revoir son texte : il est décédé, presque nonagénaire, en 1972.
L'objet du livre est clair : présenter de la façon le plus didactique et le plus solide possible, à un lecteur occidental cultivé, la multiplicité des trajectoires et des composantes du christianisme oriental, séparé de Rome ou non. La précision et l'ampleur de la documentation ont fait d'emblée de ce livre une référence, longtemps seule de son espèce en langue française. Et il demeure plus utile que jamais au moment où le relâchement de l'emprise communiste donne un peu d'air au poumon oriental de l'Europe chrétienne, pour filer la métaphore chère au pape Jean-Paul II.
Mais Les Églises orientales et les rites orientaux sont aussi une démonstration qui porte la date de leur conception. Pour le père Janin, il n'y a qu'une véritable Église : la sienne, la catholique. Et les trésors de l'Orient chrétien qu'il découvre doivent la rejoindre tôt ou tard, par un chemin assez différent de ce que nous appelons aujourd'hui oecuménisme, terme que notre auteur n'appréciait guère. Son unionisme implique le retour au giron romain. Il ne se gêne donc pas pour critiquer, parfois durement, tout ce qui éloigne d'un tel but dans le comportement des Églises et des chrétiens qu'il nomme volontiers « dissidents », voire « schismatiques ». Plus profondément et à l'instar de la plupart des catholiques de son temps, il tend à réduire le christianisme oriental au rite, conçu comme un ensemble de manifestations extérieures de la foi plutôt que comme une manière, parmi d'autres, de la vivre. Le plan de l'ouvrage ne renverse-t-il pas, de façon significative, son titre ? Dans chacun des cas envisagés, la description du rite précède l'évocation des Églises.
Le fait que les historiens d'aujourd'hui, mais aussi les responsables des Églises d'Occident, ont profondément changé d'avis sur ce point ne rend pas obsolète pour autant le patient travail de Raymond Janin, bien au contraire."
Extrait à propos des Arméniens
Église apostolique, fondée selon la tradition par les apôtres saint Thaddée (martyrisé en 50, tombeau vénéré à Ardaze) et saint Barthélémy (martyre 68, tombeau à Caschkolé). Appelée aussi Église arménienne. 301 Grégoire, dit l'Uluminateur (chrétien), guérit miraculeusement le roi d'Arménie Tiridate III qui décrète la conversion officielle de son royaume au christianisme. 313 Grégoire sacré catholicos à Césarée, rase les temples païens et zoroastriens, expulse les mages. Son fils lui succède au catholicossat. 404 le moine Mesrop invente l'alphabet arménien. Ses disciples (Saints Traducteurs) transcrivent la Bible en arménien classique intégrant des textes considérés apocryphes par Rome ou Byzance, telle la Lettre de Néhémie ou Esdras 2. 451 en guerre contre les Perses et soucieux de prouver leur indépendance à l'égard de Byzance, les Arméniens ne vont pas au concile de Chalcédoine au cours duquel les participants reconnaissent les 2 natures (humaine et divine) du Christ.
L'Église arménienne est préchalcédonienne et considère que le Christ a une seule natureà la fois humaine et divine. Rejette certaines croyances tardives (Purgatoire, indulgences). A développé le culte de la Vierge et des saints dont la liste comprend martyrs et héros arméniens et saints universels des 3 premiers siècles du christianisme (close depuis le XIIIe s. ). 505 puis 554, les évêques arméniens, réunis en concile à Dvin, rejettent les définitions du concile de Chalcédoine sur les 2 natures du Christ ; l'Église arménienne est alors considérée comme monophysite par les orthodoxes byzantins (et plus tard par les latins), alors qu'elle rejette la doctrine d'Eutychès.
1923 adopte le calendrier grégorien (sauf le patriarcat de Jérusalem). 1970-8/12-3 Paul VI reçoit Vazken Ier (Levon-Garabed Baldjian, Bucarest 20-9-1908/18-8-1994). 1996-10/14-12 Jean-Paul II reçoit Karekine Ier ; signent déclaration commune.
Rite : variante du rite byzantin. Fêtes : 6-1 Théophanie groupe Noël, épiphanie et baptême de Jésus. Précédée de la Cinquantaine (50 j ponctués de 3 semaines de jeûne et de 3 dimanches de carnaval). 13-1 circoncision de Jésus. 14-2 présentation au Temple. Dimanche le plus proche du 7 mai apparition de la Croix dans le ciel de Jérusalem. Pâques, Ascension, Pentecôte. 15-8 Théotokos (maternité divine). 8-9 nativité de la Vierge. Dimanche le plus proche du 14-9 exaltation de la Croix. 3 dimanches plus tard Croix de Varag (découverte en 650 d'un morceau de la Croix sur le mont Varag). 9-10 Saints Traducteurs. 7 dimanches plus tard invention de la Croix. 21-11 présentation de la Vierge au Temple. 9-12 conception de la Vierge.
Hiérarchies : 1°) catholicosat de tous les Arméniens : siège : Etchmiadzine (Arménie ; depuis le IVe s.) ; catholicos et patriarche suprême de tous les Arméniens : 1995 (4-4) Karékine Ier Sarkissian (Syrie 1932/29-6-1999); 1999 (27-10) Karékine II Nersissian (né 1951 en Arménie). 2°) Catholicosat arménien de la grande maison de Cilicie depuis 1441 ; siège : Antélias (Liban) ; catholicos de Cilicie : 1995 (28-6) Aram Ier Keshishian. 3°) Patriarcat arménien de St-Jacques-de-Jérusalem depuis 1311, gardien des Lieux saints ; patriarche : Sa Béatitude l'archevêque Torkom II Manoogian (1990). 4°) Patriarcat arménien de Constantinople-Istanbul depuis 1461 ; patriarche : 1998 (14-10) Sa Béatitude Mesrop II Minas Moutafian.
Fidèles (en millions) : 7 [dont Arménie 2, Russie 2, diaspora 3 (dont France 0,4)].
En France : cathédrale St- Jean-Baptiste, 17, rue Jean-Goujon, 75008 Paris ; archevêque : Kude Nacachian, délégué pour l'Europe du catholicosat de tous les Arméniens, prélat des Arméniens de Paris.