Témoignage bouleversant de Mihran Mavian, communiste arménien de France, déporté en 1944 dans les camps d'Auschwitz, de Buchenwald, et de Flossenbürg. Ce résistant, rescapé du génocide arménien de 1915 et compagnon de Missak Manouchian, décrit l’horreur, les sévices de toutes sortes, la cruauté physique et mentale qui règnent dans les camps nazis, et montre dans le même temps la diversité d’hommes, de groupes sociaux, de nationalités, d’idées politiques et de confessions qu'il y rencontre. Un récit bouleversant qui parvient jusqu'à nous.
Autre commentaire
Cet ouvrage est le témoignage de la détention dans les camps de la mort du résistant communiste arménien, Mihran Mavian, né en 1900 à Ada-Bazar et rescapé du Génocide arménien. Agent actif de liaison de la MOI et frère d'armes de Missak Manouchian, Mavian sera arrêté sur son lieu de travail à Paris par la Gestapo le 23 février 1944. Emprisonné à Fresnes jusqu'au 18 mars 1944, il sera odieusement torturé avant d'être envoyé au camp de Compiègne-Royallieu puis déporté à Auschwitz afin d'être gazé, pour être finalement orienté successivement sur Buchenwald et le camp d'extermination de Flossenburg en Bohême. Miraculeusement rescapé, il retrouve à Paris sa famille en mai 1945, ne pesant plus que 40 kg. Très rare récit d'un déporté arménien dans les camps nazis, la force de ce livre bouleversant est le véritable message de fraternité humaine que l'auteur partagera dans les camps de concentrations au travers de la diversité des nationalités, des opinions politiques ou philosophiques, des confessions. Ils resteront unis par une même communion de pensée dans l'espérance d'un monde futur libéré des méfaits du fascisme hitlérien : la "solidarité des ébranlés" comme l'aura si bien décrit Jan Patochka. Edité initialement en 1976, en Arménie, sous le titre Vodjiri antachkharèn, ce livre de souvenirs a été traduit par la propre fille de l'auteur, Alice Mavian, notre consoeur du journal Achkhar. Lors de la publication de cette traduction, Alice Mavian déclarait dans l'introduction du livre : "J'espère ne pas décevoir mon père, lui qui, au seuil de sa mort, m'a révélé qu'il avait enterré sa mère en grattant les sables du désert en 1915."
Ara Babanian, France-Arménie, numéro 378, Septembre 2011