Voir biographie en rubrique musique classiqueInauguration de la stèle :
Article de Maryam Baravian, France-Arménie, Novembre 1995
« Révérend père Komitas, compositeur arménien (1869-1935) soigné et décédé à l'hôpital Paul Guiraud, déporté le 24 avril 1915 sur ordre du gouvernement "Jeune Turc", prélude au premier génocide du XXe siècle dont furent victimes 1 500 000 Arméniens. » C'est en ces termes qu'a été gravée l'épitaphe sur le granit de la stèle inaugurée le samedi 21 octobre dans l'enceinte du Centre hospitalier Paul Guiraud de Villejuif, en hommage à Komitas, figure emblématique de l'histoire et du patrimoine culturel arménien.
Un texte courageux qu'il n'a pas été aisé de faire admettre aux instances politiques françaises du fait de sa référence directe au génocide.
A l'initiative de M. Agopian et de son association France-Arménie de Villejuif (AFAV) ainsi que de l'Union Culturelle Française des Arméniens de France (UCFAF), cette cérémonie a été réalisée grâce au soutien financier du Conseil Général du Val de Marne, de la municipalité de Villejuif et de l'hôpital Paul Guiraud.
L'événement a d'abord été marqué par l'instant solennel où a été dévoilé le buste du compositeur, en présence de plusieurs personnalités politiques et religieuses, et de près de 500 personnes venues honorer la mémoire du Révérend père Komitas dans les jardins de l'hôpital. Un buste de bronze empreint de noblesse et de sobriété, réalisé par le sculpteur Archavir Yéghiazarian, originaire d'Arménie, qui demeure et travaille à Chaville depuis déjà plusieurs années.
L'après-midi s'est poursuivie par un programme musical dans la salle des fêtes, comble, de l'hôpital : les élèves de l'école bilingue Mesrob Machdotz d'Alfortville, particulièrement émouvants, la mezzo-soprano Astrig Dédeyan, Philippe Chahbazian (Serink, flûte rupestre) et le pianiste Arthur Aharonian ont interprété des œuvres du compositeur, sous des salves d'applaudissements.
Enfin le public a pu mettre en images la vie de Komitas à l'occasion d'une exposition présentant des documents et des photographies de l'artiste.
Biographie succincte
1869 : Naissance de Soghomon Soghomonian à Kutaya (Asie Mineure) le 26 septembre.
1881 : Etudes religieuses et musicales au séminaire d'Etchmiadzine.
1892 : Ordonné prêtre, il prend le nom de Komitas.
1899 à 1913 : Il recueille, harmonise, dépouille des influences étrangères près de 3 000 chants populaires et religieux en parcourant les provinces arméniennes, sauvegardant des trésors ethnographiques et artistiques demeurés jusqu'alors traditions orales. Dans le même temps, il continue son travail de composition, en préparant une messe et donne de nombreuses conférences et concerts en Europe.
1915 : Alors qu'il réside à Constantinople, il est arrêté et déporté le 24 avril avec de nombreux autres artistes et intellectuels arméniens. Grâce à des interventions étrangères influentes, il revient de l'exode, vivant mais si choqué qu'il en perd l'esprit.
1919: Amené à Paris pour y consulter d'éminents neurologues, il est interné à l'hôpital psychiatrique de Villejuif où il séjournera jusqu'à sa mort.
1935: Komitas meurt le 22 octobre sans avoir recouvré la raison.
Mise à jour : 2011