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Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France)

Arménie - Religion
Etude détaillée

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Texte adapté de divers documents, dont :

L'EGLISE ARMENIENNE
Publication officielle du Catholicossat des Arméniens à Antélias. 1936
Réédition spéciale à l'occasion de l'Anniversaire de l'Arménie chrétienne, dix sept fois séculaire (Paris 1998)
Avant-propos
Histoire de l'Eglise d'Arménie
La Doctrine de l'Eglise Arménienne
L'Office divin dans l'Eglise Arménienne
La Bible arménienne, la littérature religieuse
Les traductions de la Bible en arménien
Les Différenciations dans l'Eglise arménienne
Historique de la haute hiérarchie
L'état actuel
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Avant-Propos

Le Christianisme est une révélation lumineuse par ses origines, par son but, par ses effets.
Toutes les grandes religions dans lesquelles une morale ennoblissante et un esprit sain prédominent, n'ont pour but que le bonheur de l'humanité. L'histoire des religions montre que le christianisme a le plus contribué à réaliser le bonheur de l'humanité, et continue encore à le faire.
Le christianisme n'est pas l'Eglise.
Le christianisme n'est pas telle nation ou telle personne célèbres.
Le christianisme n'est pas la théologie.
Le christianisme n'est pas la communauté.
Le christianisme d'après ses origines et son but, est un mode d'enseignement et d'éducation, une règle de vie à suivre, une manière de vivre d'après le règlement divin ; en somme, il est la vie complète de l'homme lui-même ou la vie parfaite comme le dit le Seigneur : 'Je suis venu pour qu'elles aient la vie et qu'elles l'aient en abondance" (Jean X 10) " Vous donc soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait" (Matthieu V 18).

Or, l'histoire nous prouve que c'est précisément le christianisme qui a donné à l'humanité les moyens les plus sûrs de faire éclore la civilisation d'aujourd'hui et de la consolider dans son ensemble.
Quelle est donc l'église chrétienne, quel est le peuple qui, par son activité a contribué à la civilisation actuelle et au bonheur de l'humanité?
Si la divinité est une lumière, quelle est cette église chrétienne qui réussit à conduire son peuple vers cette lumière?
Si la divinité est une vérité, quelle est cette église qui parvint à éduquer avec succès son peuple dans l'esprit du vrai?
Si la divinité est une paix, quelle est l'église qui sut établir et maintenir la paix, l'entente et la solidarité entre les nations et les peuples?
Si Dieu est l'amour et si Jésus Christ est l'expression concrète de cet amour dans ce monde par sa vie et son évangile, quelle est l'église qui fut la gardienne d'amour, de solidarité, de fraternité, de dévouement, de sacrifice, ce dont dépendent le bonheur personnel d'un chrétien ainsi que celui de la chrétienté entière?

Il faut admettre sans aucune réserve que les discordes théologiques, les controverses, les violences que les nations chrétiennes ont pratiquées entre elles avec plus ou moins d âpreté, ont bien entravé l'expansion du Royaume divin, et elles ont donc empêché de rayonner sur les sociétés humaines la lumière divine, la vérité divine, l'amour divin.
Ceux qui sont instruits et pénétrés de l'esprit évangélique, qu'il s'agisse de particulier, de groupements sociaux, voire d'églises organisées, n'ont fait état, tout au moins dans les questions importantes, ni de la théologie qu'ils professaient, ni de l'opulence de l'église à laquelle ils appartenaient, ni non plus du luxe et de l'autorité dont jouissaient les chefs des églises. En effet, selon Jésus-Christ, ce ne sont pas ceux qui l'appellent " Seigneur, Seigneur" qui sont les vrais chrétiens, mais ceux qui vivent comme lui pour établir le royaume céleste dans ce monde (Matthieu VII 21-22 et Luc VI-46 XIII-25).
L'Arménie est une 'petite plate bande", selon l'expression pittoresque de l'historien arménien Moïse de Khorène, et qui a été souvent soumise aux grandes puissances : mais cette 'petite plate bande" a accompli des oeuvres de grande valeur, à savoir des exploits guerriers, des armes consacrées à la prospérité du pays, au progrès religieux, des manifestations civilisatrices comme les arts et la peinture, la sculpture, l'architecture et enfin le dévouement au christianisme avec un sens et une pratique admirables.

Il est permis de déclarer, sans forcer la vérité, que le peuple arménien est un peuple chrétien par excellence. Ses moeurs, les vues philosophiques qui lui sont propres, sa vie quotidienne, enfin ses conceptions sociales, tout cela est profondément imprégné de l'esprit chrétien. L'Eglise Arménienne a été le porte flambeau intrépide de la religion du Christ. Elle a vécu cette religion et l'a prêchée, au prix de sa vie, aux nations et aux peuples qui l'entouraient, en Proche Orient, dans un milieu hétérogène. Cette Eglise est un héritage apostolique pour le peuple arménien. Naturellement elle a passé avec le peuple arménien par toutes les vicissitudes de la vie politique : elle fut exposée aux troubles et aux secousses intérieurs et extérieurs, son corps fut blessé, déchiré, mais malgré toutes ses épreuves, elle a conservé son identité nationale.
Les violences politiques et dogmatiques qui venaient, soit de Rome, soit de Byzance, soit de Ktésiphon, de l'Eglise nestorienne, si puissante sous les Sassanides, n'ont pu l'ébranler à fond. Elle resta ferme, comme le mont Ararat, en dépit des foudres qui l'assaillirent de tous côtés.
Heureusement le zèle théologique de ceux qui appuyés sur la force politique, ne cessaient jadis d'intimider l'Eglise Arménienne, les a abandonnés pour toujours. Les esprits sérieux, de même que les croyants prudents, regardent d'un sourire plein de sagesse les procédés des siècles passés. Ils se montrent plus indulgents, plus enclins à respecter la conscience religieuse d'autrui, ce qui est plus humain et plus conforme à l'esprit chrétien.
Nous avons souvent signalé un fait et nous croyons devoir insister sur lui une fois de plus. Les Eglises chrétiennes doivent se rapprocher et se pénétrer du sentiment de coopération et d'amour, car le danger d'aujourd'hui est dirigé contre le christianisme lui-même. Ce ne sont pas les Eglises de telle ou telle dénomination qui se voient persécutées, mais la religion elle-même est en péril. Anciennement les états et les gouvernements protégeaient l'Eglise et s'en servaient pour des buts politiques et diplomatiques. Aujourd'hui, les gouvernements, sauf quelques exceptions négligent la religion ou la persécutent carrément.

Toutes les Eglises chrétiennes, petites et grandes, doivent former un seul front contre les dangers communs, qui proviennent de l'indifférence, de la négligence de l'enseignement religieux, de l'athéisme, de l'intolérance d'une Eglise envers l'autre, etc. Aucune Eglise isolée ne pourra rien contre ce front unique. Si les Eglises des diverses dénominations continuent à se dresser les unes contre les autres en lutte ouverte ou secrète ; si elles continuent à user de tous les moyens pour accaparer les ouailles d'autrui, certainement aucune de ces Eglises ne pourra mettre son autorité à labri des attaques.

Cette manière d'agir est contraire à ce que notre Seigneur a dit : " Celui qui n'est pas contre nous est pour nous" Luc IX-49-50), et on peut la considérer comme une espèce de complot tramé par les religions elles-mêmes contre l'Eglise et qui ne servira qu'à ruiner le christianisme et à seconder les efforts qu'on tente du dehors contre la religion.
Depuis la Première Guerre mondiale, l'Eglise Arménienne a traversé une phase critique. L'Arménie soviétique et la Turquie républicaine l'ont condamnée à la stérilité : dans la diaspora elle est exposée aux dangers de la dégénérescence.

PAPKEN Ier, Catholicos coadjuteur de Cilicie, 1936


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